ALI-Provence

cartel 2023/2024

Dans le cadre des enseignements de l’Ali-Provence, les cartels étudient un séminaire de Lacan pour la préparation au séminaire d’été de l’Ali qui a lieu à Paris chaque année.

En 2023 /2024 les cartels travailleront sur le séminaire XVII l\’Envers de la psychanalyse

En 1964 dans l’acte de fondation de l’École freudienne de Paris, Lacan définissait le cartel en tant « qu’organe de base qui soutient une élaboration. »  C’est un petit groupe composé de « trois personnes au moins, de cinq au plus, quatre est la juste mesure. Plus une chargée de la sélection, de la discussion et de l’issue à réserver au travail de chacun. » Il est le lieu pour la mise en place et l’exécution d’un travail d’élaboration de questions et de recherches cliniques.

Le cartel est pratiqué par des « psychanalystes ou non, (qui) s’intéressent à la psychanalyse en acte » Lacan ajoutait « qu’il n’est nullement obligatoire d’être analyste et qu’au contraire, l’École a à apprendre de quiconque, formé à toute autre discipline que l’analyse ». En tout cas, « quatre se choisissent, pour poursuivre un travail qui doit avoir son produit […] propre à chacun, et non collectif ».

Cependant dans la Lettre du 11 mars 1980, Lacan parlera de la nécessité de prendre en compte l’effet de colle à l’intérieur des cartels :

« Pour prévenir l’effet de colle, une permutation doit se faire, au terme fixé d’un an, deux maximums »

Le cartel ainsi permet la lecture, en petit groupe, de textes de Freud et de Lacan. Il s’engage ainsi dans l’axe des lectures coordonnées de l’enseignement de l’association lacanienne internationale.  Il accompagne le travail des Séminaires d’enseignement. Un travail de décollage doit mis en place par le renouvellement régulier des participants.

À ce jour il y a 7 cartels constitués dans le cadre de l’Ali Provence.

A l’initiative de ceux qui le souhaitent, Il est possible de proposer un nouveau cartel ou d’intégrer un cartel constitué.

La coordinatrice des cartels est :

Marie-Pierre Bossy assoaliprovence@gmail.com ou 06 17 57 78 31

3 demi-journées d’étude sont organisées dans l’année (voir date dans agenda du site de L’Ali Provence).

L’ensemble des cartels y participent. Ils présentent leur travail d’élaboration.

Sont invités à ces demi-journées d’étude tous ceux et celles qui s’intéressent à la psychanalyse et à la lecture de Lacan.

Les responsables du séminaire sur la préparation au séminaire d’été sont :

Marie Pierre Bossy, bossy.dia@wanadoo.fr  ou 06 17 57 78 31

Sébastien Prévosto.sebastienprevosto@yahoo.fr ou 06 51 79 70 43

Estelle Hofmann,estellehof@hotmail.com

Les rencontres ont lieu à l’adresse suivante :

Maison de la Suisse, 7 rue d\’Arcole, 13006 Marseille

les travaux des cartels disponibles à la lecture sont en accès protégé par mot de passe sur cette page : espace privé

La fonction plus une, comme préambule au séminaire

L’envers de la psychanalyse. Livre XVII

Lundi 2 octobre 2023

20h00

Par zoom

Le cartel ou Cardo[1], est selon Lacan et défini par lui, un organe de base, constitutif de l’école.

Ce qui pose d’emblée la question de ce qui fait école.

Même s’il existe de nombreux fonctionnements de groupes (supervisions, rencontres, collectifs, forums), le cartel s’en diffère totalement.

Au début est le Cardo, fondement de l’école, et donc un organe, que nous pouvons entendre comme un instrument, un outil, mais aussi un essentiel.

Du côté du vivant, nous dirions même un organe noble, indispensable à la vie de l’école, et ce qui l’a fait fonctionner comme telle.

L’école comme un corps.

Ce rapport à la biologie peut surprendre, mais il rappelle combien la psychanalyse est subversive, que son intransmissible transmission fait référence à un certain fonctionnement et rapport au savoir.

Contrairement à l’université, le remplissage de l’extérieur vers l’intérieur n’est pas le modèle de base, puisque la subversion est déjà dans ce fonctionnement inversé, de l’intérieur vers l’extérieur.

A la structure de base, il y a le fonctionnement, le mouvement, le sens, la direction à prendre.

Le Cardo, Lacan le veut « tourbillonnant ».

Le décor est donc planté, il s’agit que ça tourne, que ça tourne autour, que ça tourne, sillonnant autour d’un axe.

Le cardo a pour valeur de fonctionner comme un tore, et c’est l’attraction qui le maintient comme fixation de gond à la porte.

Ce qui nous intéresse aujourd’hui dans ce tournoiement, est cette fonction, dite plus une, qui vient également satisfaire à la rotation.

Rotation, qui entrouvre aussi une notion d’aller/retour, et d’ouverture/fermeture pour relancer le travail cartellisant d’écolage.

Sur ce point d’écolage et de décollage, nous approchons bien ici l’idée d’envol, de déplacement, de trajet, de trajectoire.

Voyage d’un lieu à un autre, ou nul ne sera seul pour le transport, mais d’où chacun ramènera son propre carnet, portera ses valises et aura son propre produit.

Ceci d’autant plus necessaire, qu’un tel voyage nécessite de se terminer un jour, la vie cartélisante n’étant pas faite d’un unique trajet, mais s’inscrivant au pluriel.

Le voyageur se repérant à ses pérégrinations, et ne se confondant pas avec un touriste.

Ainsi, la situation de colle, anticipée par Lacan, serait cette habitude d’un voyage au même trajet, dans du déjà vu, rempli de la fausse garantie d’un transport assuré tous risques, avec au final l’avion qui reste au tarmac et l’illusion d’exister à partir de la place qu’on occupe numérotée au sol.

Quand cette situation se produit, c’est la rouille aux gonds, l’immobilisme, l’impossibilité que ça tourne, le sur place qui vient alors défaire la fonction de la fixation.

Le déplacement qui ne se fait plus, est une parole qui ne circule plus.

Restant à demeure, se faisant alors parole unique, la ritournelle …

Les cartels fonctionnant indépendamment d’un Maître d’école.

Il est fort à parier que le collage prolongé, a pour effet pervers d’induire un appel au Maître, ce que Lacan avait prévu d’éviter en donnant au cardo, quelques éléments de base, dont la nécessité de se renouveler dans le temps.

Comme nous travaillons cette année sur les discours, avec « L’envers de la psychanalyse », le discours premier étant justement celui du Maître.

Nous avons peut être là, quelques moyens de réflexion sur ce qui est décrit comme ne pouvant pas être à cette place pour fonctionner correctement dans un cartel.

Ce qui nous amène au plus un, ou peut être de façon plus précise la fonction plus une, qui fait office de n’être ni Maître, ni chefferie.

Mais alors quoi ?

Un plus un, qui ne se prend pas pour un plus un.

Plus un, parce qu’il faut bien nommer, on n’est pas plus un, mais on est fonction de plus un.

Ce qui pose, que ce qui peut le plus, peut le moins (et pas l’inverse).

Qu’à titre comptable, l’inverse de l’addition, c’est la soustraction.

Que Lacan, fait état d’un certain comptage  au cardo: « 3 personnes au moins, cinq au plus.

Quatre est la juste mesure.

Plus une, chargée de la sélection, de la discussion et de l’issue à réserver au travail de chacun. »

La fonction plus une, est cette fonction où une place se réserve vide, sans titre aucun, place qui n’existe pas sans quelques autres (on n’est pas plus un, on fait plus un).

La fonction plus une, est fonction qui prends donc en charge un trou, centre autour duquel ça tourne, et toute la notion de rotation citée plus haut.

Aussi, la fonction plus une, pose la question de la coupure, rappelant la castration à la référence de l’organe de base, et pour le coup renoue avec la castration symbolique et le primat phallique.

Et si le cardo est en petit groupe, ce qui favorise la circulation de la parole, il faut quand même se soumettre à son épreuve.

Il s’y joue du lien social, on a à y entrer, mais aussi à en sortir.

La castration rappelle également, que le nom du père on pourrait sans passer, sous condition de s’en servir.

Partant du fait que la fonction plus une est parfaitement détachée d’un titre ou d’une reconnaissance de grade associé, je propose une métaphore, afin d’en saisir le fonctionnement :

Revenant à la rotation, au tore, au tourbillon, pensant à un mouvement qui tourne, et qui actionne du vivant.

Je vous emmène au cirque, et à cette image de vaste piste, on y vient en rond.

Au cirque, tout le monde à son talent, mais aussi son numéro, on n’est pas là pour obtenir le bon nombre ou le sacré, on est là pour le jouer, le répéter, le rejouer encore…

Un numéro, pas pour être premier, deuxième, troisième …aucune comparaison possible entre un jongleur, un acrobate, un clown …

Non, un numéro qui est propre à ce que nous appellerions une « place ».

Chacun la sienne, ni plus ni moins, et Lacan de le signifier par  – « à chacun son produit », soit ce qui se trouve lâché à un moment en cours de route, et pas attribué au début.

La place n’est pas un siège qu’il faudrait occupé ou un numéro attribué, mais ce qui est déterminé un instant par la représentation du produit.

Ce n’est pas un sujet qui habite une fonction, mais une fonction qui habite un sujet.

Le produit, c’est le résultat d’un travail, c’est à dire, ce qui vient en place pour représenter quelque chose d’un sujet, lui conférant la sienne, qu’il accepte aussitôt de perdre pour se relancer à nouveau dans le tourbillon, faire un nouveau tour de piste.

Pas d’ancien aguerri sachant plus qu’un nouveau qui en serait moins qu’un suivant, car de suivant il n’y a pas, juste un ensemble qui tourne avec tous ces éléments en rond.

Chacun sur un même rang, une même ligne.

Dans un cercle, n’importe quel élément à fonction d’être sans hiérarchie de valeur.

Le Cardo est un organe à 4, qui est la juste mesure (que l’on soit 3 ou 5 personnes constituantes.

4, pour 4 discours… et nous dirions +1.

Personne n’ayant vocation à « être le discours de l’autre »,  mais d’être un discours à tour de rôle, d’un discours à l’autre.

Il est un élément qui rentre dans le rang (sur la même ligne que les autres), à ceci près qu’il n’a pas véritablement de numéro seul, puisqu’il ne l’est jamais (seul).

Que pour ce faire, son numéro à lui c’est de venir parmi les autres, sans numéro comptant comme fonction à partir des autres déjà là (plus Un).

Le déjà là, c’est ce qui fait qu’il ne peut y avoir de maitre, pas de chef, sans risquer de faire passer à la trappe le déjà là (batterie des signifiants).

Le plus un,  n’est donc pas un élément supplémentaire qui compterait davantage, mais bien le résultat d’une fonction qui s’extirpe à partir des éléments constitués.

Ce qui est plus un, c’est la fonction plus une.

Alors que le plus un, est un élément du rang, parmi les autres éléments du rang.

Rang a entendre comme la ligne, ou chacun se tient ni au dessus, ni en dessous, mais à côté, les uns des autres.

S agissant bien d’un même rang, et non de rang au sens de grade ou de hiérarchie.

Ainsi ce qui est favorisé, est le compagnonnage, dans le sens du compagnon de route.

D’ailleurs sur ce point, je ferai juste un lien, un lien bien à propos concernant la proposition de Charles Melman à destination des jeunes générations et futurs analystes, de créer à côte des séminaires de Lacan, un livre compagnon.

Chaque plus un, n’a de plus un que d’être pour un temps limité, c’est à dire pour au moins un tour, à la limitation de la fonction plus une.

Fonction qui serait par exemple, celle d’un monsieur Loyal au cirque.

Pas un maitre, ni régisseur, ni directeur, ni chefferie, la fonction est celle de présentation des numéros, il fait tourner pour un tour de piste ou de manège.

Comme les tours du désir dans le tore, la fonction plus une est le résultat des tours des autres.

C’est avec les numéros dans le tour, que monsieur Loyal opère le sien propre, qui est de même rang que les autres.

Le monsieur ou la madame loyal du cirque est dans le tour, pas au centre, jamais, sans quoi il serait le plus un qui se prends pour un plus un.

Pour rendre le propos plus audible, qui n’a jamais été au cirque, ne la jamais rencontré, il porte un habit militaire …

L’habit ne faisant pas le moine, as ton jamais vu un chef des armées dans un tel lieu ? Comme la montre au poignet, ne fait pas plus de celui qui la porte un maitre du temps.

Le centre est toujours vide, pour que ça tourne autour, et que ca tourne bien, pas de trou, nous dira Lacan, que la trouvaille.

Chacun la sienne.

L’effet centrifuge du cardo, entraine les uns avec les autres à tourner et à s’éloigner du centre,

Chacun y étant entrainé par l’ensemble.

La fonction plus une, comme l’effet centrifuge est fictive, dans la mesure où son action vise à ce que le centre reste vide, pour dire que la place la plus importante est celle donnée au trou.

Un trou tourbillonnaire.

Un cardo, on y rentre, et on en sort, Lacan l’a voulu ainsi, sans doute l’effet de coupure, initié à la sortie, n’y est pas pour rien.

« Un trou, ça tourbillonne, ça engloutit plutôt, et puis il y a des moments où ça recrache, ca recrache quoi ? Le nom. C’est le père comme nom (Lacan le séminaire Livre XXII (1974/1975 R.S.I séance).

Ce n’est pas pour rien non plus, si j’ai choisit un monsieur Loyal (ou madame à l’occasion) pour illustrer la fonction plus une.

Il ya bien dans la fonction, toute la question de la métaphore patronymique laissée et transmise symboliquement aux générations (tout présentateur de cirque est nommé loyal (en fonction et non en nom propre, même si à l’origine, il existe la patronymie.)

On fait monsieur Loyal, on n’est pas monsieur Loyal dans la vie (juste pour un temps au cirque).

D’ailleurs quand nous disons le cartel de tel ou tel, nous n’appelons pas à la propriété d’un groupe nommé d’un seul, qui aurait transmis son nom ou qui en serait le chef de file.

La nomination, est plus une, c’est à dire que le cartel doit avoir un plus un pour se constituer, et donc pour être nommé comme tel.

Mais le plus un, ne se nomme qu’a partir du cartel.

La fonction plus une permet donc la nomination, mais il existe autant de noms possibles que de cartels.

Les choses se nouant et se dénouant.

La fin d’un cartel procédant d’une opération de dénouage, venant établir son articulation au R.S.I (par exemple l’illusion d’un collage).

La fonction plus une, est le temps de sa limitation, au service du cardo.

Cardo au service de l’école.

Danielle Roussel

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