Billet d\’humeur du 5 mars 2009.
Zubert G. parle de façon lente et hachée, le plus souvent à côté du micro. Le reste du temps, il est prostré, le regard dans le vide, mais semble écouter les débats, avec l\’aide du cocktail de cinq médicaments (neuroleptique, anxiolytique, sédatif, etc.) qu\’il prend quatre fois par jour. Zubert G., 34 ans, diagnostiqué comme schizophrène depuis l\’âge de 22 ans, a été condamné à dix ans de réclusion criminelle par la cour d\’assises du Var – qui ne l\’a pas jugé irresponsable -, à Draguignan, jeudi 13 novembre, pour l\’incendie d\’une cellule ayant entraîné la mort de son codétenu.
C’est donc ce genre de mise en scène qui est censée permettre au justiciable de renouer avec la responsabilité. En quelque sorte de le guérir puisqu’il serait, sous la seule influence du procès de saisir l’enjeu et la nature de celui-ci. le procès ferait de lui-même sortir de l’aliénation. C’est sous l’influence de ce spectacle que les familles des victimes seraient à même de « faire leur deuil ». Expression imbécile travestissant la notion de « travail de deuil ». Une chose est certaine, si ce genre de sottises continue, c’est que le deuil à faire, et pour tous, sera celui de la civilisation.
Le Monde du 14.11.08