Je voudrais remercier les organisateurs de ces journées et en particulier Edmonde Luttringer pour son accueil et Elisabeth La Selve, pour cette proposition de travail sur la Parité.
Intervenir à Marseille reste toujours pour moi à la fois un vrai plaisir et une façon d\’avancer dans ma réflexion sur la question du POLITIQUE!
Je dois vous dire qu\’Elisabeth La Selve ne m\’a pas donné le choix du sujet! Elle m\’a confiée un sujet bien difficile avec lequel je me débats depuis bien longtemps. Un pouvoir féminin dans l\’institution? Cette formulation s\’appuie sur une antinomie, comment articuler pouvoir et féminin ou le pouvoir et le féminin, , mais surtout comment relever cette question et ouvrir les formules de la sexuation.
Il est vrai que ces cinquante dernières années nous pouvons observer un bouleversement dans les références signifiantes du fait de la transformation des rôles sociaux des hommes et des femmes qui ont généré un bouleversement des repères fondamentaux de la différence réduisant toujours plus dans le discours social, cet écart, jusqu\’à ce que nous nous réunissons pendant deux jours autour de cette question,\ » La parité : Est-ce un progrès d\’être tous semblables\ ».
Cependant nous pouvons nous poser la question de savoir, s\’il y a eu une révolution pour les femmes depuis justement la Révolution Française et l\’avènement de l\’ère démocratique éclairée par la déclaration des droits de l\’homme. Je vous rappelle qu\’à cette époque les femmes n\’ont pas été inclues dans le \ »suffrage universel\ ». Et la Révolution Française consolide alors l\’exclusion des femmes, comme l\’avait fait la démocratie grecque.
Ce n\’est qu\’en 1944 en France que le droit de vote sera accordé par le Général de Gaulle du fait en grande partie de la participation des femmes à la résistance. Et il n\’en reste pas moins que le vote des femmes a représenté un certain pouvoir politique.
Aussi les relations entre les hommes et les femmes ont bien changé ces dernières décennies dans un grand nombre de pays, dans la famille et dans l\’institution de travail. Et dans ces deux domaines, le statut des femmes est devenu un enjeu dans les relations politiques, avec les polémiques que nous connaissons. La question du Droit des femmes est au centre des politiques nationales et internationales qui ont conduit par exemple à considérer l\’éducation des femmes et l\’égalité des droits entre les sexes à la fois comme des indicateurs et des moyens essentiels pour le développement économique et social. Pourtant aujourd\’hui nous pouvons constater un recul des droits de femmes en Europe, et dans le monde. Je vous renvoie à l\’actualité, en Espagne, en Inde…Mais aussi dans l\’arrière pays niçois où la précarité des femmes élevant seules leurs enfants restent bien préoccupante pour l\’ARS quant à l\’accès aux soins ou au logement.
Nous avons donc connu une certaine \ »métaphysique des sexes\ » qui distingue les hommes et les femmes au sein de l\’humanité, les Hommes étant les représentants de l\’universel et les femmes du particulier, les femmes du côté de la nature, les homme du côté de la raison. Existe-t-il une autre façon de penser la différence, dans l\’inégalité? Et les femmes au cours des siècles ont su peu à peu démentir ces énoncés en s\’affirmant et en conquérant progressivement des espaces qui avaient été déclarés inaccessibles à leur nature. Et les pensées de l\’égalité, pour ne pas contrevenir à leurs présupposés affirmeront qu\’il ne s\’agit pas d\’inégalité mais de spécificité.
Car qu\’est ce qu\’une femme? Féminin qui se dérobe c\’est le cas de le dire toujours à moi, car je n\’ai pas à ma disposition un signifiant qui viendrait le dire. Mais aussi insistance d\’une nouvelle question que je peux entendre aujourd\’hui à la fois chez les hommes et les femmes dans les cures au 21° : \ »que veut un homme?\ »: Et je me demande parfois si c\’est bien toujours sur l\’énigme de la féminité que s\’engagent les hommes et les femmes dans l\’analyse ? Car après le droit des femmes, le droit des enfants, le droit du Père, c\’est bien le droit de l\’homme qui va émerger, d\’un pousse à l\’homme, cette question épineuse de l\’exercice difficile d\’un pouvoir féminin dans l\’institution en est peut-être une manifestation? Et cette question le pouvoir féminin représente- t-ilun pouvoir en tant que tel ?
N\’ayant pas à ma disposition de signifiant de \ »La femme\ » pour répondre à cette question et prenant en compte qu\’une femme ne peut s\’inscrire sous le registre de l\’exception comme c\’est le cas du côté mâle qui fonde le \ »pour tous\ », je ne peux m\’appuyer que sur certains points de la théorie analytique que je ne développerai pas ici, à savoir : d\’une part, le tableau de la sexuation qui réfère les deux sexes à l\’instance phallique, d\’autre part ce qui en découle, la question du semblant, des apparences et aussi des identifications qui permettent de mener plus loin la réflexion sur la différence sexuelle.
En revanche, comment ce signifiant \ »Pouvoir\ » et ses représentations peuvent être mis au travail dans mes articulations et donner comme le dit Lacan dans le \ »Synthome\ », donner un petit coup de pouce à la langue. En effet comment considérer la question du pouvoir: comme une fonction, qui serait de l\’ordre d\’un exercice ou comme un objet qu\’il faudrait acquérir? Comment conjuguer le pouvoir, comment nouer le pouvoir: le \ »pouvoir de\ », le \ »pouvoir sur\ », le \ »pouvoir contre\ », le \ »pouvoir avec\ »…Mais il reste évident pour moi que ce signifiant \ »Pouvoir\ » s\’articule à cet autre signifiant le \ »Phallus\ » qui représente de tout temps ce signifiant de la puissance avant tout imaginaire et symbolique quand il permet de rendre compte de la fonction de la parole. Aussi, pour les femmes leur rapport au pouvoir a été avant tout un rapport à une prise de parole.
Comment donc un pouvoir et donc une parole que l\’on qualifierait de féminin, viennent y répondre? C\’est à dire un pouvoir qui s\’exercerait d\’un au-delà, d\’un ailleurs de la logique phallique? Un pouvoir pour une femme qui s\’exercerait entre le centre de la fonction phallique et cette absence d\’elle même, faute d\’un signifiant qui la représenterait ? Et non un pouvoir qui viendrait répondre à un impératif sociétal renforçant de ce fait les deux visages du surmoi féminin soit une volonté de jouissance , soit un renoncement à cette satisfaction. Des portraits de femmes politiques illustrent très facilement cette position..
Mes hésitations pour trouver un titre ; j\’avais d\’abord pensé à: \ »Une vie bien mal rangée\ »… ensuite j\’ai indiqué \ »De la contre-culture à l\’anti pouvoir d\’une femme\ », mais un ami m\’a fait remarquerqu\’il y avait deux négations contre et anti qui laissaient entendre qu\’avec cette question, je ne faisais que du \ »sur place\ »! Alors au fil de mes lectures je suis en mesure d\’avancer l\’\ »a\ »-pouvoir d\’une femme, en bon lacanien écrivez le comme vous l\’entendez. Mais évidemment vous entendrez que mon propos quant à cette question du ou d\’un pouvoir féminin dans l\’institution, tentera de s\’articuler autour de la castration, mais aussi de la lettre.
La Loi symbolique repose t-elle toujours sur deux bords? Celui de l\’ordre phallique et celui de ceux qui s\’y soumettent, un côté masculin, et celui des pas-toutes, de ceux qui ne sont pas entièrement pris dans une logique phallique. Si l\’un de deux bords vient à être défaillant, le sujet au moment où il construit son identité sexuée inconsciente pourrait bien se retrouver dans une errance, dans une recherche éperdue de son positionnement désirant face à l\’autre de la relation. (Je vous renvois ici au travail de Serge Lesourd, \ » La Construction Adolescente\ » et \ »Adolescences, Rencontre du féminin\ » je vais m\’appuyer sur ce travail dans la reprise de Totem et Tabou).
Cette difficulté c\’est bien ce que nous observons, pas seulement dans la clinique des adolescents mais aussi chez les sujets pris dans la modernité, cette ambivalence, d\’un bord à l\’autre est même devenue un discours positivé, une forme de lien social, c\’est notre lien social actuel. Et si il nous apparait à nous psychanalyste relever de la psychopathologie, il est le discours courant, le discours promu de notre société.
Aussi les femmes qui assument des fonctions importantes et qui vont voir l\’analyste, sont-ellesparfois prises dans cette difficulté quant à leur positionnement. Elles ne savent plus sur quel pied danser? Par exemple, une femme travaillant à un poste important dans l\’industrie, se plaint qu\’elle n\’y arrive pas avec ses équipes composées de femmes, alors que régulièrement elle leur dit combien elle a besoin d\’elles, alors, je lui fis remarquer cela, et elle me répondit:\ » je ne veux pas être une salope de chef\ »!
Pourtant si nous nous référons à \ »Totem et Tabou\ », les femmes portent la loi symbolique, au même titre que les hommes justement pas parce qu\’elle sont entièrement concernées par la logique phallique , elles n\’y sont prises que de manière contingente langagière, de ce fait leur statut est hors langage .Elles sont porteuses de la Loi, car femmes elles ne sont pas toute, cela n\’indique pas pour autant un côté moins, mais entendons plutôt que la femme à une étendue du côté de la jouissance, elle n\’est pas toute, pas toute phallique. La féminité ne doit pas être conçue comme toute appréhendée dans la logique de la castration, mais révèle une étendue du côté de la jouissance, une jouissance Autre.
De ce fait en tant que femme elles sont une incarnation mythique du féminin inconscient, elles ouvrent à un ailleurs, à un au-delà de la Loi, au delà sans lequel la Loi même ne serait que tyrannie du maître. La Loi symbolique, en effet, ne peut trouver son effet pacifiant qu\’à la condition qu\’existe aussi une non croyance à l\’absolue de la loi. Faut-il entendre là, qu\’un voile peut se lever sur la castration et qu\’une remise en cause de \ »l’au moins un\ » peut s\’effectuer c\’est à dire une remise en cause d\’une relation à la fonction phallique qui pourrait exister sans la croyance en l\’exception de la fonction.
Pierre Christophe Cathelineau dans son intervention \ »Quels choix éthiques pour l\’institution\ », nous l\’avait fait entendre. Mais cependant à mon sens, il a oublié de tenir compte que cette remise en cause de la croyance en l\’\ »au moins un\ » dans notre modernité et de toujours, revient aussi à la charge des femmes? Et justement cette remise en question pourrait aider une femme à trouver un positionnement féminin dans l\’exercice d\’un pouvoir féminin et non féministe j\’y reviendrai.
Mais je peux vous dire que ce n\’est pas gagné:
Car comment envisager la question du pouvoir féminin hors du contentieux qui existe entre les hommes et les femmes, ce contentieux étant souvent déterminé par des circonstances historiques particulières. Comment envisager la question du féminin sans celle du masculin, c\’est à dire tout en prenant en compte la question de la différence des sexes qui restent -mais jusqu\’à quand- une des modalités dominantes de la différence en générale, est-ce que c\’est toujours sur ce trait là que va s\’appuyer la question de la différence.
Dans\ » l\’Homme sans gravité\ » Charles Melman s\’interrogeait et relevait que le \ »discours de la science apporte à l\’éthique une sorte de rectification, …, à tel point qu\’on peut se demander si finalement, l\’inconscient gardera forcément son statut sexuel, sa réalité sexuelle, voir même que l\’inconscient pourrait ne plus avoir de réalité sexuelle. Si l\’on abandonne cette référence faite au nom du père pour venir donner un sens sexuel à ce qui est refoulé, à ce qui est tombé de la chaine littérale, nous pourrions très bien obtenir qu\’il n\’ait plus de signification sexuelle qui le caractérise aujourd\’hui.\ » (P169)
Dans la vie privée ou la vie publique cette question de la différence semble toujours s\’articuler au sexuel, mais de quelle façon? Elle est souvent entendue, interprétée à partir de la problématique du pouvoir et des minorités, donc en terme de dominé/dominant, d\’un pouvoir de l\’un sur l\’autre.
Car en chacun d\’entre nous quant à cette question, les stéréotypes psychosociologiques et les préjugés de tous ordre restent très puissants. En tant qu\’analyste pouvons nous considérer les femmes comme une minorité. Elles sont la moitié de l\’humanité et cette différence sexuelle qualifiée aujourd\’hui de petite différence est un opérateur qui produit pourtant une classification et donc par la même de la classe. Les Hommes d\’un côté, les Femmes de l\’autre comme dans tous les grands systèmes classificatoires, c\’est un des fondement de l\’ordre social. Ce paradigme de l\’Altérité s\’appuie sur le fait qu\’il n\’y ait pas de premier ou de second sexe, mais s\’appuie sur le fait que les deux éléments soient autres, hétérogènes l\’un par rapport à l\’autre.
Mais justement nous devrions être attentif aujourd\’hui à ce qui tombe et comment, de la chaîne littérale car le sexuel est sur la scène publique et non plus sur la scène privée, c\’est une question biopolitique que Michel Foucault a traité à sa manière par exemple dans ce livre: \ »La volonté de savoir, droit de mort et pouvoir sur la vie\ » et l\’hypothèse de Charles Melman commence à s\’illustrer dans la clinique.
J\’ai reçu dernièrement une petite fille de 8ans, car elle avait, sur l\’ipad de sa grand mère, été visiter certains sites en tapant: \ »sortir du ventre\ », \ »minou\ », \ »sexe\ », et donc lui était apparu des scènes très \ »hard\ » qu\’elle avait montrées à sa maman, laquelle affolée, me l\’a amenée. Des enseignants lors d\’une supervision remarquaient que quelques petites filles dans les classes de cp ce1, là ou on commence à lire et à écrire ne pouvaient s\’investir correctement dans les apprentissages car elle passaient leur temps scolaire à se masturber sans pouvoir rien en dire. Alors qu\’une fillette de Cm1 a pu expliquer qu\’elle ne pouvait suspendre sa pratique facilement, car c\’était devenu une addiction!
Mais revenons à Totem et tabou ; que nous enseigne ce mythe sur la question qui nous anime ? Ce mythe de toute pièce crée par la psychanalyse, celui du meurtre du père de la horde primitive pourrait nous permettre dans une relecture, d\’avancer sur la question de l\’institution voire même de l\’institution analytique. Notons néanmoins que si pour Freud il s\’agissait de poser le meurtre mythique du père jouisseur comme principe de la loi, à suivre Lacan, l\’Oedipe n\’est plus qu\’un cadre mythique de référence pour mettre en place les limites de l\’opération analytique, ces limites sont aujourd\’hui bien dépassées!
Mais la relation du sujet à l\’Autre et aux autres s\’exprime toujours le plus souvent dans une relation d\’aliénation. Ce mythe illustre la structure du lien intersubjectif dans le social et maintient la valeur d\’universel pour chaque sujet, pris dans les rets de l\’échange langagier au temps où il doit soutenir seul son désir dans son rapport au monde comme au temps de l\’adolescence et à mon avis pour un homme comme pour une femme voilà \ »le pouvoir\ » qu\’il a à exercer, voilà peut-être la seule parité à promouvoir, mais certainement le chemin qu\’un homme ou une femme empreinte pour assumer son désir dans son rapport au monde et à l\’autre n\’est certainement pas le même et justement la psychanalyse à la lumière du social se doit de renouveler cette question.
Au sein de l\’organisation sociale, des organisations de travail y compris l\’institution analytique, celle que je connais en tout les cas, cette souffrance (parfois la mienne) que nous entendons dans le rapport à l\’institution, ce que nous pouvons relever en tant que clinicien, c\’est cette nouvelle forme de pathologie qui en grande partie se réfère à la question du narcissisme, du repli sur soi, de l\’individualisme et/ou à l\’inverse du collectivisme. L\’inconscient collectif dans notre société de bien être va redevenir à la mode!
En effet cette prise narcissique souvent engluée dans un imaginaire collectif témoigne de la difficulté voire d\’une impossibilité à accéder à la dimension symbolique du manque c\’est à dire la castration. Et nous observons dans les groupes y compris analytiques et entendons des analysants ou lors des supervisions d\’équipes, une violence latente, une difficulté dans l\’échange avec les pairs, une difficulté dans la pacification nécessaire à une rencontre qui ne soit pas duelle ou en miroir, ni donc mortifère. Car ce qui est refusé c\’est la culpabilité liée au meurtre organisateur des liens sociaux, à cette responsabilité qui est à assumer chacun pour soi, dans le risque d\’être à son tour tué individuellement, si le sujet vient à prendre la place laissée vacante.
Et quant à la question du couple, la violence conjugale se retrouve aujourd\’hui sur la scène publique comme le sexuel! Cette question est devenue une urgence sociale. Les victimes d\’un côté, les monstres de l\’autre! Et, il n\’est pas évident que le refoulement concernant cette question puisse faire son travail.
Et donc nous observons la difficulté pour les sujets d\’assumer leur propre désir non plus à partir des signifiants sexuels -homme, femme- ou encore des signifiants parentaux ou sociétaux ou ceux tout aussi bien de l\’entreprise voire même ceux de l\’association analytique mais une difficulté à assumer leur propre désir à partir de leurs propres signifiants maîtres. Et gare à ceux qui en recherche de nomination pour leur désir se permettent de les exprimer, voire même de faire acte de parole ou groupe à leur tour, ils seront sujets à des procès d\’intention qui portent justement sur le signifiant, dans une récusation même de la fonction du signifiant c\’est à dire la différence. Apparaît alors une nouvelle forme de \ »centralisme démocratique moderne \ »qui organiserait et nommerait le groupe. Cette forme de centralisme démocratique collectiviserait le signifiant, c\’est à dire les signifiants maîtres deviendront le bien commun.
Mais comme les signifiants n\’appartiennent à personne, ils sont en libre circulation, espérons alors un petit coup de pouce à la langue comme le dit Lacan, d\’un inconscient particulier, celui d\’une femme par exemple car Lacan nous rappelle également dans le séminaire \ »Le sinthome\ », que c\’est l\’ensemble des femmes qui engendre la lalangue. Voilà un certain pouvoir! Car c\’est la mère qui introduit l\’enfant au symbolique à condition bien sûr qu\’elle se réfère au désir d\’un homme.
Cet \ »ensemble des femmes\ » formulation de Lacan dans le \ »synthome\ » demanderait à être repris et travaillé lors du séminaire d\’été .
En fait dans cette question de la parité c\’est cette question de l\’inventivité du signifiant qui est touchée, le signifiant réduit au neutre, réduit au même, un troisième sexe mais neutre venu de Suède. Il y a plus de 10 ans, Monsieur Melman rappelait que même si l\’altérité était récusée dans les revendications diverses pour assurer une identité de communauté et d\’appartenance, l\’altérité est évidemment interne au langage lui-même, à la langue en tant que telle, \ »On aura beau trépigné, mettre en place les lois que l\’on voudra, cela ne changera pas et nos rapports resterons régis, organisés par cette dimension de l\’altérité, par la disparité.\ » (P 140)
Est-ce que le langage lui même ne serait pas aujourd\’hui entamé, est-ce que le jeu de la langue et de la parole, la place qu\’y occupe le féminin, c\’est-à-dire la lettre ne seraient pas entamés, congelés comme les paillettes de sperme ou les embryons en attente… Cette lettre n\’est plus distribuée. En effet une femme qui se situe au champ de l\’autre fait-elle toujours signe pour un homme, révélant de ce fait le manque, le désir et garantissant ainsi les lois du langage , de la parole et l\’Altérité!
Cela me renvoie bien sur à \ »la lettre volée\ » à laquelle Lacan revient dans le séminaire \ »Un discours qui ne serait pas du semblant\ »: \ » je cite: \ »ce n\’est pas rien de mettre en avant la lettre dans un certain rapport de la femme avec, ce qui, de la loi écrite, s\’inscrit dans le contexte où la chose se place, du fait qu\’elle est, au titre de la reine, l\’image de la femme conjointe au Roi. Quelque chose est ici improprement symbolisé, et typiquement autour du rapport comme sexuel. C\’est dans ce contexte que le fait qu\’une lettre lui soit adressée prend la valeur que je désigne de celle de signe. \ » Et Lacan poursuit: \ »car ce signe – la lettre- est bien celui de la femme pour ce qu\’elle y fait valoir son être, en le fondant hors la loi, qui la contient toujours, de par l\’effet de ces origines, en position de signifiant, voire de fétiche.\ »
Qu\’en est-il de ce temps nécessaire de la rivalité qui permet de rêver, de penser pour enfin agir le meurtre du père de la horde primitive par les frères et rajoutons aujourd\’hui les sœurs coalisés. Et surtout est-ce qu\’une femme en tant qu\’objet du désir de l\’homme et de ce fait objet exclu de structure pour maintenir cette altérité, mais aussi garantir ce jeu de la langue, ne serait pas en voie de disparition.
Car Il semble que la jalousie quant au père détenteur de toutes les femmes ne soit plus de mise aujourd\’hui, car notre société de consommation promet certainement à l\’homme des objets peut-être bien plus jouissifs qu\’une femme! En effet nous pouvons relever la multiplicité des modes de jouissance sexuelles non corrélées à la différence homme-femme et à la norme œdipienne dans la psychopathologie de la vie amoureuse aujourd\’hui.
En fait c\’est bien l\’interdit de l\’inceste qui n\’est plus aujourd\’hui l\’enjeu psychique du lien social dans la famille, le social ou les organisations de travail. Ce refus du meurtre du père, d\’un acte fondateur ou refondateur de l\’ordre symbolique en jeu dans l\’inventivité même de la langue peut nous apparaître en fin de compte comme une non-acceptation de cette symbolisation du manque et de la fonction fictive du phallus.
C\’est à dire qu\’aujourd\’hui les femmes \ »toute femme\ » n\’agissent plus de la mise en place de cet au-delà phallique de la loi, de ce manque symbolique voire même et de cette dimension du semblant qui leur permettraient l\’exercice d\’un pouvoir sans remettre en cause la loi universelle comme telle, mais tout en s\’appuyant sur la formulation de cette loi même et dévoilant cette loi comme fiction elle pourrait y réintroduire une dimension autre que cette loi ignore qui a avoir justement avec l\’inventivité du signifiant et la création de la lalangue. Cette dimension de semblant de ruse en quelque sorte implique un savoir du manque et son acceptation. Elle suppose une familiarité avec la fonction de castration dans la relation avec l\’objet.
Mais aujourd\’hui les femmes sont bien plus sujettes à un impératif, une volonté de jouissance quand elles s\’engagent dans le pouvoir. Cette volonté de jouissance reste accrochée pour beaucoup à cette recherche d\’un réel qui ne soit pas du semblant qui viendrait pointer un défaut du symbolique. D\’autres désirent le phallus et uniquement lui allant jusqu\’à l\’incorporer en tant qu\’il est le signifiant du pouvoir et donc imaginaire; prises dans l\’enjeu phallique du pouvoir, elles restent identifiées à ce trait, congelée. Le masque de la mascarade est devenu le masque du botox. Aussi ces femmes , en politique dans l\’entreprise, dans l\’institution accrochées au pouvoir sont alors incapables de le lâcher.
Citons alors Lacan: \ »Ce sont les conséquences dans la position de la femme de ceci, que ce n\’est qu\’à partir d\’être une femme qu\’elle puisse s\’instituer dans ce qui est inscriptible de ne pas l\’être, c\’est à dire qui est restant béant de ce qu\’il en est du rapport sexuel. D\’où il arrive ceci, si lisible dans la fonction combien précieuse des hystériques, qu\’elles sont celles qui, sur ce qu\’il en est du rapport sexuel, disent la vérité…pour ce qui est de faire le Touthomme, elle en est aussi capable que le tout homme lui même, à savoir par l\’imagination\ » (Un discours qui ne serait pas du semblant)
Quel est donc le rôle des femmes dans le mythe de Totem et Tabou qui aujourd\’hui ferait scandale! Car Freud et cela ne nous étonnera pas situe les femmes en position d\’objet du désir des hommes autant pour les pères que pour les fils. C\’est là que nous dégageons dans ce mythe, la femme comme un pur objet de désir, une \ »pure\ » victime en quelque sorte, du désir incestueux. Nous comprenons la nécessité logique pour Freud de la mettre à cette place là, à cette place les femmes s\’inscrivent dans la logique de la jouissance phallique d\’échange des biens et de plaisirs.
Cependant pensez-vous que la femme soit si innocente que cela? Pourquoi dans le lien social cette position d\’exclusion ne lui convient pas? Qu\’en est-il alors du désir de la femme? Qu\’en est-il surtout du désir de la Mère? Certainement ce désir comme tout désir, reste inconscient dans tous les cas mais il Ex-iste. Qu\’en est-il du désir de Jocaste , d\’Antigone , elles avancent dans leur histoire en mettant en jeu leurs désirs, voire même en mettant en jeu leur irréductible accrochage au désir. Est-ce spécifique aux femmes cet irréductible accrochage du désir? Est-ce que les hommes savent mieux y faire avec cette question là? Mais nous savons aussi, quel ravage produit le désir de la mère quand il n\’est pas dialectisé par la métaphore paternelle. Et surtout une mère a tout intérêt à maintenir la croyance dans l\’exception de la référence phallique, c\’est en partie ainsi qu\’elle assure son pouvoir.
Ces considérations amènent pour moi, la question dans notre lien social, de la place actuelle des femmes dans l\’organisation symbolique, aujourd\’hui elles participent à la fois au pouvoir mais peuvent occuper une place quant à la responsabilité à prendre dans la construction d\’un lien social.
Pourtant, Totem et tabou les excluent de cette affaire là et pose même une impossible parité. Cependant les femmes dans ce mythe, nous l\’avons vu, occupent une place majeure car elles garantissent l\’au-delà de la borne phallique. Car dans le mythe freudien les femmes désirent ailleurs que vers le phallus dans sa version imaginaire, de ce fait elles ne sont pas toute dans cette attente du Père, qu\’il soit mort ou vivant, pas toute dans cet enjeu de puissance.
Comment poursuivre et relever cette antinomie -Pouvoir et féminin- et bien justement en en passant par le politique! C\’est à dire l\’inconscient. Le politique concerne ce qui relève de l\’exercice du pouvoir dans l\’état, dit le dictionnaire; j\’y substitue le social, la société, voire l\’institution.
Si le politique n\’est pas un discours en tant que tel, au sens où Lacan a défini les quatre discours, nous devons néanmoins souligner que le politique fait trou autant dans le réel, l\’imaginaire et surtout le symbolique, de ce fait le politique vient dans le symbolique remanier les places. Comment à partir de ce constat lire le changement des places entre les hommes et les femmes – s\’il a eu lieu – qu\’un certain mouvement politique nommé \ »la contre culture\ » dont est issu le FEMINISME. Le Féminisme a introduit dans notre modernité cette formulation dont les conséquences nous font parler aujourd\’hui: LE POLITIQUE EST PERSONNEL .
Oui je voudrais vous parler du féminisme qui, il est indéniable à contribuer sur le plan social à l\’émancipation des femmes, vous avez compris que j\’essaie de me déplacer en prenant en compte la scène psychique et la scène sociale tout en essayant de ne pas rabattre l\’une sur l\’autre. Car cela me semble important pour comprendre comment les débats sur la parité sont devenus le discours courant de notre lien social, rabattant la différence sexuelle, non sur un deuxième ou troisième sexe mais sur un seul sexe. Le féminisme a fait trou autant dans le symbolique, l\’imaginaire et le Réel et a modifié la place des femmes dans l\’organisation symbolique et leur rapport au pouvoir. (Vous trouverez en annexe un développement sur l\’histoire du féminisme, je ne peux pour des raisons de temps le reprendre ici).
Dans mes rencontres de travail autour de la violence entre les hommes et les femmes dont je fais référence dans l\’article \ »Du réel dans le couple : Amour, sexe et violence\ », j\’ai rencontré des difficultés pour soutenir un positionnement clinique et analytique dans l\’accueil de ses femmes, j\’ai mesuré dans le travail avec les collègues juristes, assistantes sociales, chargées de mission, éducatrices formatées par le discours actuel de la parité, du genre entre autre et bien, j\’ai pu mesurer la férocité que les femmes entre elles peuvent déployer. Le pouvoir de l\’analyste n\’a valu là que d\’un \ »a\ » pouvoir, au sens d\’un \ »a\ » privatif!
Car la loi de la mère et ses variantes sur les filles et les fils dans la vie institutionnelle est légion! Pourtant concernant les filles, elles devraient ne rien avoir à craindre, car cette menace de castration que La Mère professe ne la concerne pas effectivement, car elle n\’est de toute façon pas réelle. Mais Lacan va plus loin: au-delà de la mère, il y a sans doute un Père qui peut menacer sa fille de castration. Seulement voilà, cette menace n\’a pas d\’effet parce que ce père \ »au-delà\ » est un père idéal, non réalisé! C\’est la figure d\’un père symbolique mort!
Quant au fils je ne parlerai pas pour eux, je rapporterai les paroles d\’un patient qui concernant la place qu\’il occupait dans sa famille, a pu la désigner ainsi \ »homme de paille ou homme de main\ » ou \ »homme de paille de paille de fer\ », et de rajouter mais où est-donc \ »l\’homme de fer\ »!
Dans le social, j\’ai rencontré là le pouvoir féministe autre figure de la loi de la Mère mais certainement pas un pouvoir féminin! Et j\’ai pris en compte combien le féminisme dans sa dimension politique a participé de cette congélation de la lettre et du féminin dont je vous parlais. Aussi soutenir, aussi bien une position féminine, c\’est à dire se référant à un au-delà de la référence phallique et une position analytique – de ne pas viser à nourrir le symptôme- a été bien compliqué pour moi dans cette expérience.
Et si je me suis retrouvée en difficulté, comme me le pointe Monsieur Melman, c\’est bien parce que je me suis comptée dans l\’ensemble des femmes!
Car la féministe femme qui croit encore au progrès et imagine pouvoir changer le monde a balayé le mythe freudien. Les féministes ont ouvert le règne du pouvoir des femmes. Ce pouvoir est référé soit à une jouissance sans limite, soit au phallus imaginaire niant la castration de la Mère. De ce fait la féministe femme maintient comme une VERITE la référence phallique, Femme peut désormais ex-ister dans le social, la VERITE peut se faire femme, mais dans le même mouvement la lettre en tant que signe du féminin et de l\’altérité est passée à la trappe!
Et qui donc occupe désormais la position féminine? Qui peut donc se déclarer féminin, se parer pour ainsi dire du féminin et récuser la logique de l\’Altérité?
Je vous laisse répondre!
Pourquoi enfin vous parler du Féminisme et bien parce que je ne peux que vous parler du lien social dans lequel j\’ai été moi même prise et dont je suis les effets, un discours qui me détermine certainement le discours de la contre culture : le féminisme.
En effet Femme née en 1960 pendant la guerre d\’Algérie, mes parents ont rapporté en France de leur jeunesse endeuillée par la guerre un pik-up et quelques disques de rock, de jazz et de chansons engagées, mais je ne les ai jamais vu les écouter, j\’ai du en cachette comme pour beaucoup d\’autre chose d\’ailleurs faire marcher ce pik-up et entendre les voix des Platter, de Juliette Gréco… Vers 1965, puis 1968, 1969, je me souviens à la télévision, des discours du Général De Gaulle, il représentait tout ce qui contre quoi il fallait s\’inscrire.. Tout en allant au catéchisme, j\’ai donc bénéficié de cette contre culture, tout contre le général De Gaulle, mais aussi tout contre Dieu, j\’ai grandi dans une opposition, dans une lutte contre cette idée de la domination avant tout des classes compte tenu de l\’histoire de ma famille mais cette révolte, cette opposition viscérale, l\’expression certainement de mon désir irréductible ne faisait qu\’exacerber en retour chez moi une soumission. Ce discours de la contre culture m\’a permis d\’ancrer l\’idée qu\’il fallait que je fasse des études, qu\’il fallait être du côté de la culture voire même du politique et qu\’en tant que femme je me devais d\’avoir un métier pour fonder mon indépendance pourtant à 20 ans je devins maman…
Et c\’est certainement les effets de ce discours, la contre culture qui m\’a amené en analyse, coincée entre cette opposition tout contre qui me donnait pourtant un point d\’appui mais dont je ne savais pas me servir, car je restais dans cette croyance en la norme phallique et en même temps toujours en opposition je ratait à chaque fois la possibilité d\’exercer un pouvoir sur le mouvement même de ma vie. Je restais dans la privation qui me commandait en tant que femme Est-ce que j\’y parviens mieux aujourd\’hui ? Je n\’en suis pas si sûre!
Aujourd\’hui comment le discours analytique, le discours déterminé par la place centrale qu\’occupe le sujet de l\’inconscient pourrait m\’aider dans le mouvement de mon désir pour soutenir cette position que je nomme l\’\ »a\ » pouvoir d\’une femme, dans l\’exercice de mes responsabilités.
Cette position de l\’\ »a\ » pouvoir d\’une femme m\’apparait bien plus du côté du Réel que du semblant. A condition justement que le phallus – ce signifiant du manque de sens\ » ne sature pas le rapport d\’une femme au réel. Mais laisse vacant le jeu de la lettre, ce point là serait à reprendre avec la lecture du \ »sinthome\ », dans ce séminaire nous entendons la fonction du phallus comme celle qui, entre deux ronds enlacés mais non liés, ferait exister un trou. Le vrai trou que Lacan dénote du mathème A (barré). Ce positionnement suppose certainement pour une femme, une forme d\’ignorance, d\’absence de signification, ou encore de solitude car la symbolisation de la femme fait défaut, défaut de parole. Pourtant une femme, à partir de ce point d\’où s\’origine sa privation réelle, et à partir de ce vrai trou pourrait bien trouver un point d\’appui pour soutenir un pouvoir pour le mouvement de son désir.
Car dans le trajet d\’une analyse comme le souligne par exemple Serge Lesourd le sujet se retrouve confronter au manque du signifiant, et l\’analyste se refusera de nommer le sujet à une place, tout en refusant toutes les places où le sujet se nomme. Ainsi confronter à cet éprouvé du manque de signifiant et au-delà de la borne phallique qui a pu être entamée par le travail de la parole, peut alors se découvrir une dimension subjective jusqu\’alors ignorée, celle du féminin en soi, de la part féminine inhérente à chaque sujet.
Et dans le mouvement de son désir, une femme, n\’étant pas toute prise dans la castration, qui peut donc l\’arrêter? Un homme, le Père, le phallus? A la fin d\’une cure que devient pour elle cet aphorisme du lien social \ »Il n\’est de phallus que du père mort depuis toujours\ ».
Dégagée d\’une part de la loi de Créon, de cette croyance en la figure de l\’exception et d\’autre part de la loi d\’Antigone et de son irréductible désir, une femme pourrait alors se déplacer dans un mouvement qui l\’amènerait du pôle phallique celui qui peut donner un petit coup de pouce à la langue sans quoi la langue ne serait pas vivante et de cet au-delà, qui peut devenir un espace de création et non de conquête, de lutte. Alors ce curseur qu\’est \ » Le phallus\ » ne serait plus désormais la cause mais la condition.
Car une femme devrait bien avoir plus d\’un tour dans son sac pour s\’en servir!
ANNEXES:
La contreculture désigne un ensemble de manifestations culturelles, d\’attitudes, de valeurs, de normes utilisé par un groupe, qui s\’oppose à la culture dominante ou la rejette. Le terme a été créé en 1969 par le sociologueTheodore Roszak. Il s\’applique à un phénomène structuré, visible, significatif et persistant dans le temps.
Dans les années 1970, le terme contreculture est utilisé pour qualifier les mouvements contestataires de la jeunesse à l\’encontre de la domination culturelle de la bourgeoisie et du puritanisme sexuel :
– mouvements d\’extrême gauche, maoïsme,
– révolution sexuelle,
– mouvement hippie.
La contreculture était alors représentée dans les médias par le journal Libération, les magazines Actuel, Novamag, les premières radios libres…
Exemples de mouvements pouvant être associés, selon les époques, à la contreculture :
– le féminisme,
– la musique contestataire,
– l\’underground artistique,
– les arts de la rue,
– le dadaïsme,
– le surréalisme,
– le situationnisme.
Il n\’est pas rare de voir les personnes les plus créatives ou certaines des composantes de la contreculture récupérées par la culture dominante et le système marchand. Ainsi apparaissent de nouveaux produits fabriqués industriellement issus de la contreculture comme les blue-jeans usés.
LE FEMINISME:
En m\’appuyant sur l\’article de Claude Zaidman, \ »Le Féminisme\ » Genre et Socialisation, je retiendrai les points suivants:
Le féminisme est issu de ce mouvement appelé La contre culture, mouvement des années soixante, c\’est dans le passage du discours politique anticapitaliste, antifasciste et internationaliste de la gauche marxiste des années 1960 en France, et des \ »nouveaux mouvements sociaux\ » des années 70 que le mouvement féministe s\’est imposé.
Le terme féminisme recouvre plusieurs réalités je reprendrais la définition de Claude Zaidman : \ »Courant d\’idées et luttes concernant les droits des femmes, le féminisme devient, dans certaines périodes historiques, un mouvement social et politique pour l\’émancipation des femmes. Il désigne aussi un corpus de différentes théories\ », Notons qu\’il est plus facile de définir le féminisme par: \ »ce contre quoi il lutte\ », que de décrire au positif le commun dénominateur des perspectives de toutes les composantes du mouvement des femmes.
Le mot d\’ordre d\’alors dans les années 60-68, c\’était \ »le personnel est politique\ », cette formulation à contribuer à transformer le champ politique et jusqu\’à nos jours avec ce que nous vivons dans notre pays depuis quelques années concernant la famille, la sexualité. Ce mot d\’ordre alors très populaire peut être entendu de différente façon, car il recouvre des sens différents,
Mais pour les militantes de cette époque, leur engagement politique commençait par l\’affirmation de leur propre existence comme sujet dans sa spécificité, s\’agissait-il du sujet de l\’inconscient?\ »Je ne crois pas bien que les freudo-maxistes ont pu faire l\’amalgame. Pour elles, il ne s\’agissait plus de s\’effacer en tant qu\’individu, d\’une part, en tant qu\’individu socialement et culturellement spécifié d\’autre part, alors que le marxisme requérait de s\’effacer devant \ »la lutte principale\ ». Le MLF a été un des éléments moteur de la revendication identitaire, mais n\’a pas pour autant répondu à la question \ »que veut une femme\ » et a laisser les Dora du MLF devant le mystère de leur féminité!
Ce mot d\’ordre \ »le personnel est politique\ » a unifié les femmes en montrant le caractère politique de toutes les formes d\’oppression des femmes, dans l\’ensemble de leur existence, vie privée, vie publique. Mais là où le féminisme rencontre pour l\’analyste un écueil, c\’est qu\’il continue à prétendre à une portée universelle alors que les femmes ne constituent pas une groupe social comme un autre, une minorité parmi d\’autre, cette vocation universaliste s\’exprime d\’abord par la non mixité du mouvement des femmes! Comment rétablir la différence entre les femmes elles mêmes?
C\’est alors qu\’a réapparu une nouvelle forme de hiérarchisation des inégalités et des luttes: la lutte contre la domination masculine, pensée comme universelle, est posée comme principale par rapport aux luttes des \ »minorités\ ».
Dans les années 70, après 1968, se différencie du MLF issu de 68 le \ »nouveau Mouvement de Libération des femmes\ » qui met au centre des ces objectifs comme son nom l\’indique, le libération plutôt que l\’égalité\ » de quoi les Femmes ont-elles à se libérer?
Dans les années 1980, les mouvements féministes se caractérisent par des divisions internes mais aussi par un nouveau rapport à l\’Etat. Aussi le mouvement des femmes se morcelle en associations, groupes de pression divers, voire même il \ »s\’institutionnalise\ » jusqu\’à poser la question d\’un féminisme d\’état. Aujourd\’hui le féminisme comme théorie politique de la représentation sociale, politique et symbolique des femmes a acquis droit de citée dans les débats de la démocratie occidentale et dans les organismes internationaux.