Martine Bonamy, à propos de « leur patient préféré »

Violaine de Montclos, journaliste au Point est au point de ce qui passe dans une cure analytique grâce au laisser-passer du désemparement de dix-sept psychanalystes . En effet, son roman « Leur patient préféré » retrace dans un bouillon de vérité ce qu’elle nomme « le patient fondateur » de chacun.

Ils lui ont laissé la liberté de transcrire ce qui, par elle, a été entendu, dans l’évocation de moments éprouvants qui les laissaient démunis, interrogatifs, sans recours, délogés…..L’écrivaine « avec le sentiment étrange d’être dissimulée derrière le rideau , tapie sous le divan, conviée dans un huit clos qui habituellement ne se raconte pas…. » décrit sans décrier les cris silencieux des protagonistes. Elle indique comment chacun, en fonction de leur place, se dépouillant des habits de scène, ont pu jouer leur propre acte.

Ce livre, lecture extérieure de ce que chacun en exercice de la fonction de psychanalyste peut éprouver, atteste du nécessaire désir d’analyste. Opérateur en acte de l’écoute essentielle, ce désir particulier et singulier, sans cesse ébranlé, reste « l’outil » de l’ouverture à l’écriture-lecture-écriture…. inconsciente, permettant aux patients de jouer leur partition.

L’auteure relate ainsi cette clinique particulière pas sans -passant- le symptôme. Clinique dont le témoignage est particulièrement important dans un monde au sein duquel la subjectivité est attaquée. Sans filet si ce n’est le vide laissé par le tissage qui permet d’accueillir la maille de l’a/Autre, celui ou celle qui exerce cette fonction saute ….avec le parachute de son engagement.

Plus qu’un discours , l’humilité du psychanalyste à s’exposer en dehors de son milieu familier, ne peut que transmettre le creuset d’où sourd l’humain de l’homme. Creux dans lequel, certes, mort et vie, bon et mauvais, terne et brillant, clair et obscur…. se côtoient mais s’articulent par le trait de disjonction conjonctif fondateur de l’humanité qui nous habite.

 

Violaine De Monclos, «Leur patient préférés», 17 histoires extraordinaires de psychanalystes, Stock, 2016

 

Emmanuelle Liss – nouvelle adresse

L’ALI-Provence a le plaisir de vous faire part de la nouvelle adresse du cabinet d’Emmanuelle Liss

10 rue Sainte 13001 Marseille

et toujours:  4 av.  Adolphe Fouque  13960 Sausset-les-Pins

06 50 36 50 05

 

Retour sur le Séminaire d’été 2016

Étude des séminaires I et XXV de J. Lacan, Les Écrits techniques et Le Moment de conclure

Mercredi 24, jeudi 25, vendredi 26 et samedi 27 août 2016, À Paris
Responsables
Jean Brini, Pierre-Christophe Cathelineau, Marc Darmon, Flavia Goian, Virginia Hasenbalg-Corabianu, Marie-Christine Laznik, Valentin Nusinovici, Thatyana Pitavy, Bernard Vandermersch

Continuer la lecture

Enseignements 2016-2017 à l’école de l’ALI Provence

Pour participer aux Enseignements, merci de contacter les responsables. En cas de modification de date, merci de vous reporter à notre agenda

Préparation du Séminaire d’été

A) Séminaire : Étude du séminaire II de J.Lacan

Le Moi dans la théorie freudienne et dans la technique de la psychanalyse et La Topologie et le temps

E. Luttringer-Salducci, 33 (0)4 91 48 24 95, luttringer.edmonde@wanadoo.fr

2ème mercredi du mois de19H00 à 21H00 à partir de mi-septembre

87, rue Marengo, 13006 Marseille

B) Groupe de lecture du séminaire J. Lacan, La topologie et le temps 

Elisabeth Fradet et Sylvie Liotard, 33 (0)4 91 52 07 67 ou 33 (0)6 70 71 54 40

1er Mardi de 10H à 12H et mercredi de 19H15 à 21H : tous les mois

8 rue des catalans 13007 Marseille

Après le « temps de conclure » 1977-1978 qui est le troisième temps de la décision (article « le temps logique » dans les Écrits), Lacan continue son enseignement durant une année. Il dissoud l’E.F.P. le 5 janvier 1980. « La topologie et le temps » dessine un espace un peu vide un espace d’attente. Lacan ouvre le séminaire par cette phrase  » il y a une correspondance entre la topologie et la pratique ».

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Séminaire de préparation du séminaire d’hiver, La technique psychanalytique de Freud (PUF)

Lucile Lignée, 33 (0)6 74 39 77 33, lucile.lignee@orange.fr 

Rafaëlle Bernard-Rolain, 33 (0)6 83 25 35 86, rafaellerolain@gmail.com

3ème mercredi de 19 h à 20 h 30 à partir du 21 Septembre

Chez Mme E. Luttringer, 87 rue Marengo, 13006 Marseille

Etude de textes de Freud sur le moi Dans le cadre de la préparation du Séminaire d’hiver sur les textes de Freud sur le moi, notamment Le moi et le ça et Psychologie des masses et analyse du moi, nous proposons de travailler durant 3 séances sur ces textes et les points qui nous sembleront les plus pertinents dans une perspective d’articulation au séminaire de Lacan Le Moi dans la théorie freudienne et dans la technique de la psychanalyse (II). Nous prévoyons une quatrième séance pour témoigner des élaborations des intervenants au Séminaire d’hiver.

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Présentation de Malades

E. Luttringer-Salducci, 33 (0)4 91 48 24 95, luttringer.edmonde@wanadoo.fr

4ème mercredi du mois de19H00 à 21H00 à partir de septembre

87 rue Marengo, 13006 Marseille

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Département de Psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent

Séminaire clinique du bébé, de l’enfant et de l’adolescent

« comment le trauma s’articule à la question de la structure dans la clinique contemporaine avec les enfants et  les adolescents « 

Nathalie Rizzo, Isabelle Heyman,Ghislaine Chagourin,

33 (0)6 20 18 13 66, ghislaine.chagourin@gmail.com

Dates: lundi 10 octobre 2016, lundi 14 novembre 2016, lundi 16 janvier 2017, lundi 13 mars 2017, lundi 22 mai 2017, lundi 19 juin 2017.

 Dans la clinique contemporaine  avec  les enfants et les adolescents, il s’entend que  tout peut être  vécu comme un traumatisme. Pourtant, la psychanalyse avance que le traumatisme est constitutif et va déterminer la structure du sujet et ce du fait même de l’existence du langage et de la prise dans le symbolique. Une autre façon de le dire est que  le trauma c’est la rencontre des registres du réel et du symbolique. Alors, ce qui se présente ainsi dans la clinique actuelle, est-ce un pur effet du discours ambiant et peut – on en déduire quelque chose à propos de la structure  et quant aux effets de nouage? 

Voici autant de points que nous nous proposons de mettre au travail au cours de 6 séances qui auront lieu à 20h30 au cabinet de Nathalie Rizzo, 10 rue Sainte, 13006 Marseille. Les textes sur lesquels nous travaillerons seront précisées en septembre.

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Département de Psychanalyse et Travail social – Groupe du Sud Est

Banquets : « Nos métiers sont-ils praticables sans amour ? »

Elisabeth La Selve, 33 (0)6 45 57 86 89, Jean-Luc de Saint-Just, 33 (0)6 85 34 50 73

Un samedi tous les deux mois dans une des villes du Sud Est, de 10h à 14h, (inscription préalable nécessaire).

La modernisation de ces métiers dits impossibles qui consistent à gouverner, éduquer, psychanalyser, ou soigner, a évacué la question de l’amour. Pourtant, l’amour est toujours le ressort essentiel de leur efficience comme la principale cause de leurs impasses. Alors, à défaut de ne plus en être servile, serait-il possible de s’en servir ? Comment chacun s’en débrouille, au cas par cas, c’est que nous étudierons.

Cercle d’étude « Droit et Psychanalyse »

Jean-Pierre Gasnier : 33 (0)6 29 62 72 02

Elisabeth La Selve : 33 (0)4 91 02 24 81 ou 33 (0)6 45 57 86 89

Un vendredi par mois de 20h30 à 22h30

Le Ponant Littoral, bât.E, 7 avenue André Roussin, 13016 Marseille

Jus, Lex, Ratio : une lecture psychanalytique des principes du droit aujourd’hui, avec l’éclairage de la topologie.

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Etudes de Séminaire de Lacan et Textes de Freud

Martine Bonamy, Rue Raspail, L’Isle sur Sorgue, 0674534301,mbonamym@gmail.com,

Myriam Marrades 0626362731,myriammarrades@gmail.com

Ce séminaire se tiendra à l’Isle sur Sorgue

Habiter l’humanité, une utopie ?

L’évolution de notre monde ne vient-elle pas nous rappeler la précarité de notre condition de sujet sans cesse mise à l’épreuve ? Habiter l’humanité n’est-ce pas soutenir l’utopie indissociable de l’ectopie de l’objet et de l’atopie d’où nous venons ?

Au sein de notre société où le droit au bonheur se confond avec un impératif de jouissance, où, sous la pression économique et les exigences de performances, gouverner, éduquer tendent à ne plus prendre en compte l’impossible que soutient l’éthique psychanalytique, fondateur de ces fonctions, où la voix du sujet se perd dans une cacophonie assourdissante, où le virtuel nous détourne du point d’inaccessibilité et de non spécularité de l’objet, où le « non » n’est plus articulé à la loi symbolique mais à un mode d’emploi éducatif, où l’autorité est dégagée de son auteur, où le corps déshabité provoque diverses manifestations… comment ne pas se laisser aspirer mais inspirer ? Comment transmettre les conditions du désir d’où sourd l’humanité ? Comment véhiculer la réalité dans un lien symbolique sans se laisser figer dans l’ identification idéale requise ?

Nous tenterons de développer ces questions à partir des Séminaires de Lacan et des textes de Freud

  •  le Moi dans la théorie freudienne et dans la technique de la psychanalyse » associé à la « Topologie et le temps »

  • L’Ethique de la psychanalyse

  • Malaise dans la civilisation

  • L’avenir d’une illusion

  • Psychologie des masses et analyse du moi

Décès de Chantal Caltreau

Nous avons le regret d’apprendre le décès de notre collègue et amie le Docteur Chantal Caltreau dans la nuit de dimanche à lundi.

Les obsèques auront lieu au crématorium du cimetière Saint Pierre à Marseille,

Vendredi 29 juillet à 10h30

Enseignements 2016-2017 à Manosque

 

LECTURES COORDONNEES DE FREUD ET LACAN

 

 Claude RIVET, 06 32 62 45 67 & 04 92 73 33 56

Un mercredi par mois de 19 à 21 h à partir du 5 octobre

lieu: Service d’accueil, d’accompagnement et de souten éducatif à domicile APASE/TREMPLIN

365 BD du temps perdu 04100 MANOSQUE

Nous poursuivrons l étude du séminaire 1 de Jacques LACAN, les écrits techniques, en alternance avec la lecture des textes de Sigmund Freud, proposés au séminaire d’Hiver 2017.

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CABINET DE LECTURES PSYCHANALYSE ET LITTERATURE

 

Claude RIVET, 06 32 62 45 67 & 04 92 73 33 56

Avec Nathalie BELIN,Suzanne NICOLINO, Christine SELVANIZZA, Fabrice VENUAT

 Un samedi par trimestre de 10 h à 13 h

Lieu : Université Européenne des Sens et Saveurs, Couvent des Cordeliers FORCALQUIER 04300

A partir des lectures cliniques du roman de Jonathan Safran Foer « Extrêment fort et incroyablement près », nous suivrons le jeune Oskar Schell, garçon de 9 ans, dans sa recherche de ses origines.

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Psychanalyse et travail social

ATELIER D’ECRITURES A PARTIR DE SITUATIONS CLINIQUES

Claude RIVET, 06 32 62 45 67 & 04 92 73 33 56

Avec Claude MAILLET-WICART

 Un vendredi  par trimestre de 17 h à 20 h à partir d’octobre

Lieu:  FORCALQUIER 04300 (salle précisée à la rentrée)

A partir de l’exposé oral d’une situation clinique ou institutionnelle, nous travaillerons les transcriptions que chacun des participants en aura faite dans la visée de mettre à l’épreuve les différentes lectures.

Charles Melman: Tu seras un homme ?

Journée de l’EPHEP du 11 juin 2016 : Question sur la radicalisation – Poussée, analyses et commentaires

 

Charles Melman, psychiatre, psychanalyste, Doyen de l’EPhEP, fondateur de l’ALI

Tu seras un homme ?

La  question de notre temps est de savoir comment être un homme, par quels traits il se fait reconnaître et comment les acquérir.

Il y a peu elle ne se posait pas : il suffisait de se laisser prendre par la tradition pour se retrouver identique à ceux et celles de la lignée, habité par ses valeurs et obligé par les devoirs à lui rendre. Et rappelons que le premier d’entre eux était de réparer les dommages qu’elle avait pu subir.

Mais la page est tournée depuis que la mondialisation est passée par là. Le trait qui s’est généralisé en effet, au mépris de traditions, par définition clivantes et répressives, est celui de la participation à une consommation dont la limitation n’est plus liée qu’à celle des revenus.

Un intégrisme, on peut le qualifier ainsi pour désigner son absolutisme, s’est installé dans les mœurs, appelant  à une jouissance accomplie.

L’ordre binaire introduit par le numérique favorise un manichéisme susceptible d’être tranché par cette technologie-même. De sorte que se trouve appelé un pouvoir totalitaire, ennemi de ce qui peut lui résister ou décidé à le mêmifier.

Supposons que le djihadisme rencontre un accueil ambigu et troublé par les résonances qu’il suscite dans l’ensemble de la population : pourquoi pas un Père non plus castrateur mais donateur de toutes les jouissances, narcissiques y compris ?

Séminaire de Préparation du Séminaire d’hiver 2016, La technique psychanalytique de Freud 3/3

3è séance : REMEMORATION REPETITION PERLABORATION 1914

Quelques définitions :

Remémoration : faire une commémoration (rememoratio = commemoration)

Répétition : copie, repetitio = action de redemander, reclamation, redite, action de faire remonter en arrière

Perlaboration 😕 perlabor : glisser à travers/ travers

Durcharbeitung ? étudier à fond, travailler sans interruption, se frayer un chemin

1 – rappel sur l’abandon de l’hypnose

Freud commence par faire un rappel historique sur l’évolution de la technique :

  1. la catharsis et l’hypnose : reconstituer les processus psychiques impliqués dans le symptôme afin de les amener à se décharger dans une activité consciente = rappel du souvenir et abréaction

  2. abandon de l’hypnose et de l’abréaction

  3. découverte de l’association libre = deviner à partir des associations libres du patient ce dont il n’arrivait pas à se souvenir

  4. continuer la recherche des faits ayant provoqué la névrose en renonçant à déterminer un seul facteur ou un problème particulier

  5. se focaliser sur l’actuelle surface psychique du patient

  6. appliquer son art d’interpréter principalement à reconnaître les résistances et les faire connaître au malade

  7. quand le patient découvre ses propres résistances, il retrouve le souvenir oublié, en comblant les lacunes de la mémoire et en dépassant les résistances du refoulement

On pourrait dire que pour Freud à ce moment du développement théorique l’objectif premier est la remémoration qui viendrait combler les trous de l’inconscient, et du coup l’objectif de l’analyse serait de liquider l’inconscient dans une utopie où le sujet aurait enfin accès à tout le matériel infantile. Mais la remémoration de l’histoire infantile atteint vite une limite qui empêche l’accès au matériel infantile : à la place vient la répétition qui conduit le sujet à répéter dans l’actuel des séquences douloureuses de son passé.

2 –l’oubli et la souvenance : qu’est ce qu’on oublie?

  1. les évènements qui ont été conscients

• L’oubli d’impression, de scènes d’évènement vécus se réduit généralement à une dissociation

→le patient quand il se remémore l’évènement, souligne «  je n’ai jamais cessé de savoir tout cela mais je n’y pensais pas »

→mais il y a peu d’éléments qui reviennent

→les souvenirs-écrans : ils contiennent tout l’essentiel de la vie infantile «  il ne faut que savoir l’extraire à l’aide de l’analyse ; ils représentent les années oubliées de l’enfance aussi justement que le contenu manifeste des rêves en représente les pensées

Freud évoque les souvenirs écrans, il a travaillé ce concept dès 1899 dans un texte «Souvenirs d’enfance souvenirs écrans » et en 1910 sur « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci. Ce sont des souvenirs qui restent émergés alors que tout de l’enfance a été oublié (amnésie infantile), ils se caractérisent par leur prégnance visuelle et auditive et surtout ils sont racontés. C’est par le langage que le passé oublié se connecte à l’actuel et au souvenir.

Les adultes de l’entourage ont oublié cet évènement, seul l’enfant a le souvenir vivace de cet évènement ancien très anodin en apparence et qu’il a gardé tout ce temps en mémoire. Le contenu est souvent banal alors que les évènements importants sont oubliés, ce travail de substitution est l’effet du refoulement. Derrière le caractère anodin se cache une profusion insoupçonnée de significations.

De plus le souvenir écran est parfois une scène d’enfance qui vient servir de support aux fantasmes actuels.

Freud dit que ces souvenirs doivent leur persistance au fait qu’ils représentent autre chose, d’autres évènements que ceux qui sont rapportés et ce par rapport d’association. Ces souvenirs-écrans recouvrent autre chose de plus fondamental pour l’enfant par mécanisme de déplacement et de condensation. Freud utilise le terme d’écran qui indique à la fois sa fonction de masque et sa fonction de réception de la projection de cet évènement. Freud les rapproche du rêve par leur constitution sensitive mais aussi par la reconstruction ultérieure de ces vestiges de l’enfance. Freud dans ce texte précise qu’un souvenir est une reproduction consciente, ce qui est oublié n’est pas effacé, l’oublié c’est ce qui ne revient pas à la conscience mais qui peut revenir dans la répétition. Ces premiers souvenirs conscients de l’enfance ne montrent pas la réalité de l’infantile, la trace mnésique a été retraduite à une époque ultérieure (époque d’évocation) sans avoir accès à l’originaire. Ainsi Freud nous indique qu’il n’est pas nécessaire de se souvenir de tout pour retrouver ce qui a fait l’enfance d’un homme, il suffit d’analyser ces restes que sont les souvenirs d’enfance pour retrouver cette part immergée où le sujet trouve son ancrage mais aussi les moyens de résoudre ses contradictions.

En ce sens l’oubli est un travail psychique qui se fait à notre insu et il n’est jamais vraiment réussi.

Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci

Ce souvenir  «  il me vint à l’esprit comme tout premier souvenir qu’étant encore au berceau, u vautour est descendu jusqu’à moi m’a ouvert la bouche de sa queue et à plusieurs reprise a heurté mes lèvres de cette même queue ». Freud à partir de ce rêve montre que le souvenir ne révèle en rien la réalité, il est une fantaisie qui condense une multitude de significations

– image de la fellation et de la passivité qui serait la matrice de l’homosexualité de LdeV

– une réminiscence de la tétée maternelle et de l’intensité érotique de leurs relations

LdV aurait réélaboré la réminiscence de la tétée en un fantasme homosexuel passif

-c’est aussi la marque des investigations sexuelles dans le temps où tout le monde a un pénis

Dans ce texte Freud compare le souvenir au récit historique, ce serait une sorte de légende qui représente une certaine réalité du passé. A partir d’une réalité oubliée le souvenir est reconstruit et remanié ultérieurement dans l’après-coup. On pourrait dire que l’on se souvient pour ne pas se rappeler. L’aptitude à se souvenir est coextensive à un désir d’oublier.

b- les fantasmes, idées connexes et émois

Freud dit qu’on peut se souvenir de quelque chose qui n’est jamais tombé dans l’oubli car il n’a jamais été conscient : ici la conviction de cet évènement est indépendante du souvenir

c- l’oubli comme suppression des connexions

Il évoque la névrose obsessionnelle où l’oubli repose sur des mécanismes de suppression des liens entre les idées, et d’isolation de certains souvenirs.

Le névrosé n’a aucun souvenir des liens et fantasmes, tout est coupé, isolé et ce n’est que par le travail d’analyse sur les productions de l’inconscient : rêves, symptômes, que le névrosé pourra refaire ses connexions.

L’autre voie d’accès à l’inconscient est la répétition, c’est une forme où la mémoire exhorte à se rappeler mais nous n’en avons aucun souvenir

3 – La répétition : se rappeler sans se souvenir

La mémoire (inconsciente) et le souvenir (conscient) sont deux espaces différents et qui s’excluent mutuellement. On n’a pas conscience de la mémoire, elle s’exprime dans la répétition et elle ne se donne à voir au sujet que par l’ensemble des formations de l’inconscient : transfert, rêve, symptôme. Les souvenirs ne sont que des tenant-lieu de cette mémoire (fantasmes). Se rappeler = faire appel à la mémoire telle qu’elle peut s’inscrire dans le rêve et le transfert, ce n’est pas se souvenir. Le souvenir, lui est conscient, c’est en soi une trahison de la mémoire. Le souvenir est du matériel sédimenté, reconstruit et fantasmé. On ne cesse de se rappeler à notre insu de choses dont on n’a pas le souvenir. D’ailleurs les réminiscences les plus tenaces sont celles laissées par des processus n’ayant jamais atteint la conscience. La mémoire se manifeste par un travail de déplacement, de déformation qui vient troubler la conscience. En cela la réminiscence du traumatisme est maintenue par la volonté de l’oublier.

La répétition n’est pas une reproduction à l’identique

Il n’est généralement pas possible de faire ressurgir des incidents importants de la petite enfance

C’est le rêve qui les fait connaître et c’est l’interprétation ultérieure qui permettra au patient de les comprendre.

Avec la technique analytique le patient n’a aucun souvenir de ce qu’il a oublié et refoulé et ne fait que le traduire en acte. Ce n’est pas sous forme de souvenir que le fait oublié reparaît, mais sous forme d’action. Le malade répète cet acte sans savoir qu’il s’agit d’une répétition.

La compulsion de répétition est là est une manière de se souvenir.

Il ne s’agit pas de souvenir de quelque chose d’oublié mais de refoulé. Le refoulé fait retour jusqu’à ce que le refoulement soit levé.

Il faut attendre ce texte pour que Freud dégage vraiment le concept de compulsion de répétition « Wiederholungzwang »

-wieder = encore une fois, à nouveau

-holung= répétition, révision

-wiederholen = aller rechercher, reprendre, répéter

-zwang = coercition, contrainte, force

Ce mot parle donc de quelque chose à reprendre, à aller chercher dans l’avant mais aussi à faire sortir de force, une poussée qui pousse à dire ou à faire. On retrouve le même terme zwang dans la névrose de contrainte « névrose compulsionnelle ».

« Le zwang représente un irrépressible reconnu qui ne peut être empêché quelle que soit la manière dont il survienne » dictionnaire freud-lacan

Cette compulsion de répétition de l’analysant c’est ce qui cherche, qui pousse à faire coïncider le passé et l’actuel dans l’espace de la cure.

Quel est le lien entre répétition et transfert et résistance ?

  1. le transfert est en soi un fragment de répétition

  2. la répétition est un transfert du passé oublié sur la personne et toute la situation présente

  3. la compulsion de répétition a remplacé l’impulsion au souvenir

  4. plus la résistance est grande plus la répétition se substitue au souvenir

  5. (différent de l’hypnose où la suppression de la résistance est supprimée et fait surgir les souvenirs directement)

Le transfert est la traduction en acte (de parole ou moteur), d’un évènement refoulé du passé qui réapparaît et se répète dans la relation actuelle au psychanalyste.

Au début de l’analyse les souvenirs ressurgissent facilement, quand la résistance commence à se montrer, les souvenirs se font rares et sont remplacés par la mise en acte : «  le malade tire de l’arsenal du passé les armes avec lesquelles il va se défendre contre la continuation de l’analyse, armes dont nous devrons une à une le déposséder »

Qu’est ce que le patient répète ?

« Tout ce qui, émané des sources du refoulé, imprègne déjà toute sa personnalité : ses inhibitions, ses attitudes inadéquates, ses traits de caractère pathologiques et…tous ses symptômes »

« Nous devons traiter sa maladie non comme un évènement du passé mais comme une force actuelle agissante. C’est fragment par fragment que cet état morbide est apporté dans le champ d’action du traitement et tandis que le malade le ressent comme quelque chose de réel et d’actuel, notre tache consiste principalement à rapporter ce que nous voyons au passé »

L’interprétation vise donc à ramener l’actuel au passé.

Jusqu’en 1920, pour Freud ce qui se répète ce sont des souvenirs, et cela s’inscrit au niveau des processus primaires. Cette répétition sert d’obstacle à la remémoration. Il croit encore pouvoir lever l’amnésie infantile.

Ce n’est qu’après 1926 que Freud évoque la pulsion de mort, une compulsion de répétition au niveau de l’inconscient qui insiste au-delà du principe de plaisir.

La compulsion de répétition n’est plus un échec à l’intérieur de la cure mais un échec structural du fait que l’objet retrouvé ne sera jamais complètement satisfaisant ; il faudra toujours répéter et tourner autour de ce manque.

Lacan leçon du 29 janvier 64 « 4 concepts » « …nous verrons comment c’est de la répétition, comme répétition de la déception, que Freud coordonne l’expérience, en tant que décevante, avec un réel qui sera désormais, dans le champ de la science, situé comme ce que le sujet est condamné à manquer, mais que ce manquement même révèle »

Avant le traitement

Le patient se plaint de sa maladie mais la dénigre et la sous-estime.

Il fait la politique de l’autruche : il refoule : il traite de la même façon ses symptômes, que l’origine des troubles : il choisit d’ignorer la cause et le sens de ses symptômes

Le traitement analytique s’oppose à cette ignorance et ce mépris :

Le psy invite le malade à penser sa maladie comme « une ennemie digne d’estime, comme une partie de lui-même dont la présence est bien motivée, où il conviendra de puiser de précieuses données pour sa vie ultérieure »

L’analyse vise à réconcilier le malade avec le refoulé ce qui provoque une tolérance à l’état morbide : un droit à être malade

On pourrait dire que le symptôme n’existe vraiment que de cette réconciliation du patient avec le refoulé.

Aussi l’aggravation des symptômes est normale et nécessaire « on ne peut pas terrasser un ennemi absent ou hors de portée »

La résistance va utiliser cette mise en exergue des symptômes : « elle abuse de la permission d’être malade »

  1. augmentation massive des symptômes

  2. apparition de motions pulsionnelles plus archaïques

  3. risque de passage à l’acte du sujet dans sa vie réelle qui occasionne des désastres

Avec cette question du passage à l’acte, on ne sait pas s’il évoque le passage à l’acte ou l’acting out. Lacan définira l’acting out comme un transfert sans analyse, ce qui a échappé à l’analyse du transfert et qui se réalise dans les évènements de vie du sujet. L’acting out n’a de sens que dans son rapport à la règle fondamentale « abstenez- vous de mettre en acte ce dont vous vous rappelez même si vous n’en n’avez pas le souvenir ». En effet le transfert est bien un acte mais un acte de parole. L’acting out c’est aller jusqu’au bout de cet acte et le vivre. L’acting out est de l’ordre de la monstration, du donner à voir et non du donner à entendre

Le passage à l’acte sera lui défini comme une analyse sans transfert, le PàA dit une vérité du sujet, un sujet qui tente par l’acte de réordonner quelque chose de sa subjectivité mais qui ne permet pas le travail de formation de l’inconscient à cause de l’absence de transfert, de l’absence d’adresse.

C’est dans le maniement du transfert que l’on trouve le moyen d’enrayer la compulsion de répétition et de la transformer en une raison de se souvenir.

« On rend la compulsion inutile en limitant ses droits en ne la laissant subsister que dans un domaine circonscrit : l’arène du transfert, où la répétition pourra se manifester librement et où elle pourra nous révéler tout ce qui se dissimule de pathogène dans le psychisme du sujet.  On peut alors conférer à tous ces symptômes morbides une signification de transfert nouvelle et à remplacer sa névrose ordinaire par une névrose de transfert dont le travail thérapeutique va le guérir.»

C’est la première fois que Freud évoque cette névrose de transfert dans le sens non pas nosographique (les névroses de transfert étant : hystérie d’angoisse, de conversion et la névrose obsessionnelle) mais dans un sens processuel de l’analyse.

Par le biais du transfert la névrose du patient va se concentrer dans la relation avec le médecin. « Tous les symptômes du malade ont abandonné leurs significations originaires et se sont réorganisés autour d’un nouveau sens qui consiste en une relation au transfert »

Le déplacement que permet le cadre de la cure et le transfert vont créer une formation nouvelle, où le patient répète son aménagement défensif son histoire mais transformée en une nouvelle édition.

On parle de névrose de transfert quand la névrose infantile est ravivée dans la situation analytique et pas seulement les fantasmes isolés les désirs ou angoisses. Elle a un caractère processuel. L’élucidation de la névrose de transfert devrait permettre la découverte de la névrose infantile. Dans un premier temps Freud pense donc que la névrose clinique doit devenir névrose de transfert qui permettra la découverte de la névrose infantile. Nous sommes dans ces années dans l’idée qu’il faut lever le refoulement + les résistances pour faire surgir les traumatismes, les désirs et le passé oublié ; ceci permet la reviviscence du complexe d’Œdipe et la levée de l’amnésie infantile. Le travail analytique est donc un processus de remémoration d’un passé oublié susceptible d’être reconstruit.

Mais dès 1920 dans «  Au-delà du principe de plaisir » Freud souligne qu’il ne faut pas laisser trop s’installer cette névrose de transfert : « le médecin s’efforce de limiter le plus possible le domaine de cette névrose de transfert, de pousser le plus de contenu possible dans la voie de la remémoration et d’en abandonner le moins possible à la répétition….En règle générale le médecin ne peut épargner à l’analysé cette phase de la cure. Il est forcé de lui laisser revivre un certain fragment de sa vie oubliée mais il doit veiller à ce que le malade garde une certaine capacité de surplomber la situation qui lui permette malgré tout de reconnaître dans ce qui apparaît comme réalité le reflet renouvelé d’un passé oublié » 

Le transfert crée un domaine intermédiaire entre la vie réelle et la maladie : une maladie artificielle accessible au traitement. « A partir de la répétition dans le transfert, des voies connues conduisent alors au réveil des souvenirs ». Quand les résistances sont surmontées les souvenirs apparaissent tous seuls.

Pointer la résistance, la répétition au patient ne suffit pas : ça n’a souvent aucun effet. «  En donnant un nom à la résistance on ne la fait pas pour cela immédiatement disparaître ». Il faudra refaire plusieurs fois le tour, donc la perlaboration pour que cela ait effet de changement.

Lacan va faire de la répétition une vraie fonction, un opérateur logique incontournable au point de le dénommer comme un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse.

4 – L’idéal la remémoration : parler au lieu d’agir

Le médecin cherche, lui, à rapatrier les souvenirs dans le domaine psychique. « Il cherche à maintenir sur le terrain psychique les impulsions que le patient voudrait transformer en actes »

Le travail de remémoration = liquider ce que le patient voudrait décharger par une action »

Le transfert permet un « attachement utilisable de quelque façon, le traitement est en mesure d’empêcher tous les actes itératifs du malade et d’utiliser in statu nascendi les intentions de celui-ci en tant que matériaux pour le travail thérapeutique »

Le médecin interdit au malade, selon la règle d’abstinence, de prendre aucune décision importante pendant le traitement.

Ce concept de remémoration est en lien avec celui d’après-coup. C’est une autre façon de faire exister le passé. En recherchant une causalité à ce qui nous arrive dans le passé.

5 – La perlaboration : processus dans la cure qui permet de se remémorer au lieu de répéter, processus du changement structurel intrapsychique. « Remettre cent fois sur le métier le même matériel »

Freud évoque par deux fois le concept de perlaboration, en 1914 dans « Répétition, remémoration perlaboration » et en 1926 dans «  Inhibition, symptôme et angoisse »

« Il faut laisser au malade le temps de bien connaître cette résistance qu’il ignorait, de la perlaborer, de la vaincre, de la poursuivre malgré elle et en obéissant à la règle analytique fondamentale, le travail commencé »

Il s’agit là pour le patient de perlaborer l’interprétation de l’analyste ; il faut du temps pour que le travail de symbolisation enraye les pulsions, et que le moi abandonne le refoulement et assume le retour du refoulé.

« Ce n’est que par la perlaboration que le médecin et le patient parviennent à découvrir les pulsions refoulées qui alimentent la résistance. Le patient est alors seulement en mesure de se convaincre de l’existence et de la force de cette dernière »

Le médecin doit être patient et ne peut ni forcer, ni éviter.

La perlaboration des résistances est une tache ardue pour le patient et une épreuve de patience pour le médecin, c’est pourtant elle qui exerce sur le patient la pus grande influence modificatrice et qui est la particularité de la méthode psychanalytique. Elle est l’équivalent de l’abréaction dans l’hypnose.

Avec le travail de perlaboration la répétition ne serait plus compulsion de répétition mais cette répétition dans le transfert deviendrait une tentative d’élaboration.

La perlaboration serait elle alors ce pont entre répétition et remémoration ?

Ou bien la remémoration implique-t-elle aussi un travail de perlaboration ?

Article de la FEP « la perlaboration dans le traitement psychanalytique » 8ème conférence de la FEP 1989

« La perlaboration est un temps ou l’analyste laisse le patient le temps de se plonger dans cette résistance qu’il connaît maintenant et qu’il doit surmonter. Elle implique de la part de l’analysant de se plonger pour un certain temps émotionnellement dans cette résistance qu’il connaît intellectuellement, l’analyste lui doit continuer à poursuivre son travail jusqu’à ce que les motions pulsionnelles refoulées qui alimentent la résistance soient découvertes dans le travail commun.

La répétition et la remémoration sont des actes complémentaires, liés entre eux de façon dynamique : tous deux reproduisent le passé et le rendent accessible au travail analytique. En respectant la règle fondamentale le sujet se remémore et sous l’effet de la résistance il répète. Le souvenir représente le passé significatif en tant que passé. La remémoration implique la distinction des images passées et actuelles. La répétition reproduit le passé mais ne le représente pas, passé et présent ne sont pas distingués. Les souvenirs font du présent ce qu’il est, l’ici et maintenant. La répétition empêche elle de vivre le présent effectif. Pour Freud c’est justement dans ce qui est répété et qui ne peut être remémoré que vit «  la motion pulsionnelle refoulée » qui alimente la résistance et rend nécessaire la perlaboration. La perlaboration a ainsi sa place entre la répétition et la remémoration, elle permet une désintrication du passé et du présent et la sortie de la compulsion de répétition. »

Lacan dans les 4 concepts fondamentaux de la psychanalyse : « la boucle doit être parcourue plusieurs fois, qu’il n y a aucune autre manière de rendre compte du terme de durcharbeiten, de la nécessité de l’élaboration, si ce n’est à concevoir comment la boucle doit être parcourue plusieurs fois. » leçon du 24 juin 64

Questions :

Est-ce qu’on pourrait associer la répétition à l’instant de voir

La perlaboration au temps de comprendre

La remémoration au moment de conclure/d’agir

Est ce que répétition/remémoration/perlaboration sont des opérations chronologiques ? Ou bien sont elles des opérateurs logiques ?

Lacan leçon du 29 janvier 1964

« L’expérience lui démontre (à Freud), ensuite qu’à l’endroit du sujet, il rencontre des limites, qui sont la non conviction, la résistance, la non guérison. La remémoration comporte toujours une limite. Et sans doute, on peut l’obtenir plus complète par d’autres voies que l’analyse, mais elles sont inopérantes quant à la guérison. C’est ici qu’il faut distinguer la portée de ces deux directions, la remémoration et la répétition. De l’une à l’autre, il n’y a pas plus orientation temporelle qu’il y a réversibilité. Simplement elles ne sont pas commutatives, ce n’est pas la même chose de commencer par la remémoration pour avoir affaire aux résistances de la répétition, ou de commencer par la répétition pour avoir une amorce de la remémoration. C’est ce qui nous indique que la fonction-temps est ici d’ordre logique et liée à une mise en forme signifiante du réel. La non-commutativité, en effet, est une catégorie qui n’appartient qu’au registre du signifiant.

Transcription d’interventions enregistrées lors du Séminaire d’hiver de janvier 2016

Cette transcription n’a pas été soumise à la relecture des intervenants et est donc sous la responsabilité de Lucile Lignée et Rafaëlle Bernard-Rolain.

Intervention de Marc Morali :

Il s’intéresse au texte de 1904 et retient 2 mots qui lui paraissent essentiels pour la question de la technique psychanalytique mais aussi car ils sont d’actualité dans le social aujourd’hui :

Élargissement de la conscience

Catharsis de Breuer

Freud a appris quelque chose de l’hypnose : l’élargissement du champ de la conscience. Mais dans l’hypnose elle est aussi congédiée car elle ne participe pas à l’élaboration psychique du matériel que l’hypnose révèle. C’est pour ça que ça ne marche pas.

Freud fait le choix de l’association libre comme autre modalité de l’élargissement de la conscience, qui permet de retrouver la nature même de l’appareil psychique car le simple fait de se soumettre aux associations libres fait qu’on rencontre un bord. Un bord, car quelque chose cesse et le patient ressent l’imminence d’un danger, une frontière à partir de laquelle ce qui pouvait l’anéantir va prendre un autre sens à cet endroit. Il fait l’épreuve de la division psychique.

Quelle est la nature de ce bord, quelle est sa structure par rapport à ce qu’il appelle l’appareil psychique ? L’appareil psychique se différencie de l’esprit/ de l’âme/ de la psyché. C’est intéressant de le situer dans ce sillage car pour Freud c’est la question du père.

Ce bord, cette division, c’est ce qui s’oppose à l’hypnose.

Pour élargir le champ de la conscience : les drogues, le transfert en rapport avec la suggestion.

Aujourd ‘hui à Strasbourg il y a un nouvelle discipline : la méditation en pleine conscience : non seulement la conscience est élargie mais elle ne rencontre plus de bord. Qu’est ce qui fait retour aujourd’hui ? Cette pente naturelle de l’appareil psychique d’être soumis à l’élargissement de la conscience que Freud appelle l’association libre, il fini par remarquer que si l’association libre conduit quelque part c’est parce quelque chose leste la parole, lui donne son poids, l’attire vers un point précis .

Il y a deux mécanismes dans la cure, deux dimensions contradictoires où est prise la psychanalyse que Freud est obligé d’interroger :d’un côté une dimension universelle la technique la même pour tous, et en même temps du matériau singulier chacun est différent et chaque cas peut contredire la théorie.

Il est paradoxal de dire catharsis de Breuer. En fait elle est d’Aristote. Pour Freud il y a là un souci que j’essaye d’introduire comme ça, ça introduit une question très importante dans le travail de Freud surtout quand il s’approche de la question d’un Réel, qu’il appellera avec ses mots car il n‘a pas les concepts lacaniens, il appellera ça le somatique, il faut l’entendre comme un réel.

Il dit quelque chose de surprenant de cette dimension qui est dans la même veine que cette question de l’élargissement de la conscience. Il dit que si on comprend la catharsis comme un simple mécanisme de décharge auquel il faut ajouter un aménagement, l’abréaction, alors la psychanalyse ne peut pas se contenter de ce mécanisme de décharge mais de ses effets sur l’appareil psychique. Cela a toute son importance car on voit bien que là quelque chose du Réel intervient. Mais s’il n’y a pas à cet endroit-là d’élaboration par l’appareil psychique, alors nous ne sommes plus du côté de la psychanalyse.

Pour vous montrer que dès les premiers textes qui peuvent paraître anodins, nous sentons poindre ce que Freud attend comme précisions concernant son outil avec l’esquisse de ce qui dans le champ social (la notion du père) préfigure déjà les questions des réaménagements de la deuxième topique qui même si elle n’est pas toujours très appréciée, introduit de façon très claire l’articulation de la singularité avec le champ social.

Donc on peut lire Freud sans les commentaires de Lacan et que cette lecture éclaire Lacan contrairement à ce qui est répandu.

Intervention de Perraudin :

Citation de Jean-Jacques Rassial : « la règle fondamentale dit moins comment le patient va parler mais plutôt comment je vais vous écouter »

Intervention de Darmon : sur le texte de l’engagement du traitement

Le mot engagement est plus significatif que le mot début.

Freud compare cet engagement du traitement à un engagement dans une partie d’échecs, au moment de l’ouverture donc il y a beaucoup de possibilités mais les choix sont restreints, il y a certaines manœuvres délicates qui engagent la suite. Et cette métaphore sur le jeu d’échecs est exactement la même que ce que Ferdinand de Saussure emploie pour faire entendre ce qui définit le signifiant, c’est-à-dire un système de différences où chaque signifiant tient sa place en fonction de tous les autres. Vous pouvez remplacer dans le jeu d’échecs une pièce par n’importe quel objet, un bouchon par exemple, l’essentiel c’est sa valeur par rapport aux autres pièces et à ses possibilités de mouvement. On entendait dans ce petit texte Freud situer l’analyste du côté du symbolique : l’entrée en analyse suppose le dégagement, la mise au jour de cette dimension symbolique.

Intervention de C. Melman après M. Morali

Il reprend le mot d’élargissement de la conscience que Marc Morali a utilisé.

« La conscience n’est aucunement ce qui donnerait sa juste mesure à la réalité, car nous savons depuis Freud qu’elle est entièrement informée par l’inconscient. C’est donc à partir d’une position inconsciente que nous interrogerons l’inconscient de telle sorte que nous n’avons aucune raison de ne pas estimer que c’est d’un point de vue névrotique que Freud aborde la question de l’inconscient. Et je crois que que nous voyons bien de quelle façon ce parcours est alimenté par ce que légitimement d’un point de vue névrotique et nous en avons l’illustration immédiate dans ce qui est sans cesse en rappel dans le processus de l’hypnose. L’hypnose ça veut dire qu’il est toujours possible de venir introduire à l’insu du sujet, le texte qui va ensuite commander sa conduite. Et ce dont il s’agit dans l’analyse, c’est de venir déchiffrer ce texte qui chez chacun, hypnose ou pas hypnose, se trouverait inscrit de telle sorte qu’il commanderait sa conduite. Autrement dit la question pour Freud, et je ne crois pas ici me livrer à une interprétation sauvage, que ce qui l’intéresse c’est pour chacun d’entre nous le texte originel qui détermine effectivement sa conscience et sa conduite. Et ce texte originel évidemment la bascule se fait du côté de l’origine autrement dit de la question du texte inscrit du fait du refoulement par le rapport à un père.

L’exemple que Darmon nous a rappelé, celui du mot de passe, des dames diront qu’elles vont cueillir quelque fleurs , qu’elles disent qu’elles vont aux toilettes, c’est une métaphore tout aussi recommandable et valable que de dire qu’elles vont cueillir des fleurs. Autrement dit je n’aurai de façon de traiter ce qui à cette occasion se trouverait venir risquer de faire surgir ce qu’il en est de la castration féminine en l’occurrence, je ne saurai le traiter que par une métaphore.

J’ai connu une dame qui avait sa formule à elle, elle disait je vais au pipi room. On s’approche de ce qui serait une saisie là de la formule directe avec la réalité alors que bien évidemment je ne vais pas développer l’usage d’un terme qui mène de la langue d’origine à la langue étrangère mais il est bien évident là aussi que l’on est dans la métaphore et le problème des métaphores c’est de savoir le mode de rapport au réel qui les origine.

Donc si vous voulez pour notre propre démarche eclaircir ceci nous avons entendu un parcours que nous allons définir de rationnel, à part quelques remarques très jolies et adjacentes c’est un recensement rationnel. Mais la rationalité, c’est bien connu, est un mode névrotique de défense contre le père, c’est tout simplement la volonté de sa suppression, … c’est une succession de logique de terme il n’y a pas de mystère, la démarche rationnelle est une modalité défensive et névrotique contre le texte originel.

Le progrès de Freud dans ces écrits, c’est pourquoi on en peut en lire un sans tenir compte de son parcours, c’est d’abord de montrer que ce texte originel avec ce qui se trouvera dans la perlaboration, la résistance du sujet à vouloir y renoncer, c’est bien normal qu’il y tienne c’est là son origine, alors on voit pas pourquoi il consentirait si facilement à le mettre de côté. Freud il dit oui il suffit de lui laisser le temps, mais le temps ne fait que l’entretenir bien sur. Mais avec cette liquidation du transfert, c’est-à-dire de cet amour pour le savoir inconscient, ce texte originel qui a avoir avec le refoulement exercé par le père. Avec la liquidation du transfert, il y a quelque chose qui fait origine et aspiration pour se constituer en texte mais c’est là tout ce qu’on peut dire. Et il s’agirait de repenser à l’amour que le causateur supposé de ce texte entretient pour chacun d’entre nous. C’est pourquoi on va dire que Lacan a pris les choses au niveau de ce terme de Freud, de cet aboutissement, je passe sur le fait que Freud a dit que ce texte était étranger puisque Moses est égyptien. Ce qui aboutirait à ceci, que je vous prierai de considérer pour savoir si nous pourrons accepter que ce que chacun d’entre nous est amené là-dessus à dire, s’expose à n’être pas moins névrotique que le fragment auquel il s’intéresse ; qu’est-ce qu’il y avait pour garantir que ma propre parole ici se fonderait autrement que sur ce qui serait mon approche tout à fait personnelle de névrosé dans l’étude de l’inconscience.

Il y a des réponses à cela…. en tout cas nous ne pourrons pas légitimement échapper à ceci ; que Freud n’avait à sa disposition d’autre position que névrotique pour aborder la question de l’inconscient ; les débuts de la technique, ce qui nous intéresse et c’est je crois ce que nous avons à légitimement accepter pour du même coup ne pas refuser, ce qui va être pour chacun d’entre nous notre propre approche.

Question de JJ. Tysler

C’est sur le temps. La référence au jeu des échecs, le jeu d’échecs est très différent si le temps est infini ou si tu es dans un concours où le temps est imparti. Les techniques n’ont rien à voir. Ce qui est intéressant c’est que les textes sur lesquels s’appuie la technique analytique, il faudra bien en parler, c’est que les cures dont nous parle Freud sont très courtes. D’ailleurs il n’y a que celle de l’homme aux loups qui a dépassé un certain temps. Pour le reste, ce sont des moments très courts. Il y a ça qui m’a toujours paru étrange, c’est qu’on n’a pas beaucoup de réflexion, mes collègues expliquaient ce qu’avait produit l’allongement massif en terme d’années de dizaine d’années, le temps des cures quand on reprend les textes de Freud lui qui travaillait, comme au jeu d’échecs, sur un temps imparti. On n’est plus du tout dans la même temporalité et quid de la technique en rapport ?

La psychanalyse sauvage : C. Lacôte

Entre trauma et inscription et déchiffrage de la cure ?

Dans ces textes qui sont pas si simples que ça, on peut lire, déchiffrer l’inquiétude de Freud devant ce qu’il a déclenché. Cela se lit aussi dans les correspondances.

Freud a –t- il ouvert un espace de sauvagerie ? C’est ce que dit Fathi Benslama à propos d’internet.

Freud sur l’interprétation « ne sommes nous pas obligés de faire connaître la vérité telle que nous l’avons découverte ». Il s’agit de lever l’ignorance, il s’agit de savoir et pas forcément de la vérité (problème de traduction française). Alors quels sont les obstacles au savoir ? Il ne suffit pas d’informer le patient d’éléments traumatisants pour que cela s’inscrive. L’importance de cette caricature de l’inscription qui se fait en même temps que le déchiffrage, et la caricature c’est bien sûr le trauma. Le trauma c’est quelque chose qui induit l’absence du sujet, que cette absence se marque par l’oubli ou surtout que le sujet n’y était pas encore.

Un psychanalyste en annonçant une vérité lancerait malgré les apparences subjectives de son énonciation une parole désubjectivée en réalité. En effet la vérité, mi-dite selon Lacan ne vaut que pour et par la psychanalyse, la vérité est d’emblée non pas dans le mi-dire mais dans le trou-dire, brute brutale la vérité une se pose sous la forme d’une évidence, transmettons une évidence, il ne me semble pas… Le psychanalyste qui lance une vérité s’échappe lui-même à sa division subjective et invoque une transcendance intacte et le psychanalyste se met sur un mode philosofico-religieux et présente la lune à son patient. L’évidence en effet ne s’évide pas dans ce cas là comme le jeu de mot de Lacan le précise. «  La sauvagerie de cette vérité toute dite » et Freud s’inquiétait de cette sauvagerie au début de la psychanalyse.

Je propose aujourd’hui cette réflexion de fethi Benslama à propos d’internet, il dénonce internet comme espace de sauvagerie où on peut dire n’importe quoi à n’importe qui mais en toute vérité, puisque le seul rapport qui est lié à cette vérité toute c’est l’appropriation de ma ou sa ou notre vérité. Là encore il ne s’agit pas du contenu de ce qui est envoyé sur internet, il ne s’agit pas des représentations terroristes, la violence est dans ce mode de vérité total où le sujet se fait anonyme en général, derrière sa vérité paradoxalement qu’il possède.

Freud dans ce texte ne parle pas de vérité mais de savoir, soucieux de la formation de ses disciples, savoir à communiquer au sommet de la résistance, choisir les bons moments, pour un savoir progressif et complet. Dans le texte de l’analyse sauvage il complexifie la notion de sexualité et pas seulement pour ne pas choquer Vienne mais pas non plus en savoir de maître.

Lettre de Freud à Jung du 21 avril 1907 : «  je sais qu’on apprend plus de 3 analyses poussées dans le détail que de tout ce qu’on ne peut jamais bricoler à son bureau »

Ce qui nous guide dans le détail ce n’est pas le signifiant qui aurait été traumatique d’avoir été trop sidérant, mais peut-être qu’au-delà de toute vérité, le signifiant par son Réel par lequel il peut s’inscrire, le signifiant est bête, fondamentalement bête, c’est la trace de son attache au réel.

M. Morali :

C’est quoi la vérité en psychanalyse ?

« Il n’y a pas de possibilité de parler de politique si on n’a pas entre les gens qui en parlent un accord sur la vérité » cet accord sur la vérité chez nos politiciens procède du mensonge.

La psychanalyse introduit quelque chose de nouveau c’est le mot de semblant. Est-ce qu’il y a autres chose que des semblants de vérité en psychanalyse ?

La psychanalyse sauvage, est ce qu’elle interroge quelque chose qui serait du semblant dans le discours ou bien justement ce que Lacan nomme un discours qui ne serait pas du semblant et qui serait comme tel éminemment traumatique pour qui n’est pas demandeur de cette rencontre.

C’est pourquoi la façon dont tu as amené la question de la vérité au milieu de ce texte me paraissait très justifiée.

Je me demande si ce médecin ce n’est pas lui, il le ménage un peu trop pour être honnête.

Référence à ce que tout le monde se saisit de l’intime et comment la sauvagerie parfois de l’interprétation qui nous fait violence car nous n’en voulons rien savoir…

Ouvrir un espace sans limite, et qui pourrait être utilisé par n’importe qui..

Intervention de C.Melman après C. Lacôte

Nous voulons tous savoir la vérité mais lorsque Freud prône l’élargissement du champ de la conscience, il est pour l’interprétation sauvage parce que si l’inconscient est fait de lacunes dans le champ de la conscience, il est bien évident que vouloir le combler est de l’ordre de l’interprétation sauvage. Cette façon de traiter Dora est évidemment limite, c’est ce qu’il lui dit à Dora, « au lieu de tousser tu ferai mieux d’aller baiser », on peut pas dire, ça n’a pas eu les effets espérés, mais même l’ouverture de la science des rêves avec l’injections faites à Irma, ce qui se présente d’emblée c’est CETTE femme qui nous cache la vérité, donc où est-ce qu’elle le cache, où est ce qu’elle le met, où est-ce qu’elle le dissimule ?

Alors ça nous amène à considérer que il y a du point de vue analytique chez Freud, bien que ce soit proche de l’interprétation médicale, il y a quand même ceci que pour pallier l’absence de vérité il n’y a que la jouissance des corps ; y’a que ça et que si c’est pas ça, c’est la condamnation aux errances de la névrose et toutes ses déviances etc.

Alors pour l’analyse et en particulier pour Lacan car il est le seul à réserver une place à ce que c’est que la vérité, il n’y a pas de place chez quiconque, la vérité on s’en fout, on s’en fout pour la raison suivante : ça ne sert pas la jouissance à la réalité, une fois qu’on en a extrait je dirais la pornographie la jouissance des corps ou l’exhibition qui est aussi une façon de la traiter la vérité…

Alors qu’est ce que ce serait la place de la vérité dans les 4 discours ; c’est qu’il y a dans l’inconscient de l’écriture qui n’a aucun sens et qui ne sert pas au fantasme. Comme dans l’ADN il y a des éléments écrits qui à priori n’ont aucun usage…Aussi je ne pourrais pas non plus prendre l’inconscient comme une manifestation de ce qui serait l’épuisement du réel par le nom du père, que le nom du père ce serait tout.

R. Chemama :

Rappel historique de Freud :

D’abord expliquer les symptômes, puis ensuite le travail est de découvrir les complexes.

1904 « Il n’existe pas de névrose sans quelques amnésies »

La psychanalyse consiste en la levée la levée du refoulement et la remémoration.

Avec le texte « Perlaboration..» Freud modifie-t-il la pratique ?

Il dit dans ce texte que souvent chez les patients les voies de la remémoration sont très obstruées, le refoulement se traduit par une résistance au retour des souvenirs. Et ces résistances empêchent de penser la direction de la cure dans la seule dimension de la remémoration. Quand la résistance est trop forte, le sujet en analyse répète au lieu de se souvenir.

L’analysé ne se souvient pas s’être senti au cours de ses investigations infantiles sexuelles désespéré et déconcerté, et parce qu’il ne souvient pas, il l’exprime autrement, il dit qu’il est déconcerté par la cure. C’est dans la cure que son désarroi se répète.

Donc dans ce texte Freud prend en compte la répétition, il a l’idée que celle-ci a une vraie consistance, qu’elle ne va pas facilement et qu’il faudra un temps pour la dépasser, ce qui pourrait impliquer un changement de technique.

Il me semble néanmoins que Freud ne va pas vraiment jusque-là et c’est bien la question aujourd’hui. Il met plutôt l’accent sur le fait que cette dimension qu’il explore n’est perçue que négativement. Disons que la répétition y compris dans la cure c’est seulement un moins par rapport à l’analyse. Parce que le but de l’analyse lui n’a pas changé son but il le dit dans l’article est le rappel par le souvenir à la vieille façon … la seule voie possible consiste dans un premier temps… il faut analyser ce qui se répète et cela n’a de valeur que si ça permet au bout du compte de remettre en marche le mouvement de remémoration. Ce sur quoi fondamentalement se fonde l’analyse c’est la remémoration.

Si je rappelle tout ça, c’est pour mesurer la prise de position de Lacan au début du séminaire 1. C’est vraiment un des premiers points sur lesquels Lacan intervient. Lacan d’ailleurs ne présente pas son apport comme contradictoire avec Freud, disons qu’il renouvelle la lecture de Freud «  pour Freud ce dont il s’agit c’est moins de se souvenir que de réécrire l’histoire ». Ce qui n’est pas exactement ce que dit Freud.

Lacan conçoit à cette époque là la psychanalyse comme la réintégration par le sujet de son histoire. Or l’histoire n’est pas le passé, elle est le passé pour autant qu’il est historicisé dans le présent. Il y a ici me semble-t-il 2 idées : d’une part il ne s’agit pas seulement de souvenir, il ne s’agit pas d’ une reviviscence du passé au sens affectif mais il s’agit d’une reconstruction…..Lacan dit construction dans l’analyse.

Le plus important c’est la question du temps puisque même quand le passé qui est abordé dans un cure, il faut maintenir, et je ne fais ici que citer Lacan «  il faut maintenir un point de vue structurel » et ce point de vue structurel dit Lacan fera que Freud va de plus en plus se centrer sur la relation clinique dans le présent sur la séance dans son actualité même entre les 4 murs de l’analyse.

Il me semble que ce que Lacan dit renvoie à une certaine conception de l’inconscient, celle-ci apparaît plus loin dans le séminaire.

Leçon du 7 avril : Lacan présente l’inconscient comme étant à la fois : quelque chose de négatif, inaccessible / quelque chose de réel / quelque chose qui sera réalisé dans le symbolique ou plus exactement qui grâce au progrès symbolique dans l’analyse aura été…

Alors j’aurais envie de dire qu’au fond l’inconscient n’est pas, il n’a pas de dimension en dehors de la cure, il n’est pas tant que quelque chose ne s’est pas passé dans les 4 murs de l’analyse, il n’est pas sans le progrès symbolique. Et je peux encore citer quelques lignes de Lacan dans la même page : « ce que nous voyons sous le retour du refoulé est le signal effacé de quelque chose qui ne prendra sa réalisation symbolique, sa valeur historique, son intégration au sujet que dans le futur et qui littéralement…  » Ce sont des questions importantes je pense

Et pour en parler je ne souhaite pas en rester sur cette seule mise en tension des textes de Freud et de lacan.

Il me semble nécessaire d’avoir une approche historique plus large. Entre Freud et Lacan il y a des analystes auxquels Lacan lui-même se réfère et qui constituent à la fois un jalon important de l’histoire de la psychanalyse et l’occasion de reposer des questions toujours actuelles.

J’ai choisi l’ouvrage de Rank et Ferenczi «  Perspectives de la psychanalyse actuelle », ouvrage publié en 1924. On trouve dans ce petit titre, sous la plume de Ferenczi une présentation très particulière de la question de la répétition qui s’est appuyé sur une discussion du texte « remémoration répétition perlaboration ». Pour Ferenczi ça ne sert à rien de vouloir élargir le champ de la conscience. Ce qui pour Ferenczi a un effet thérapeutique c’est le fait que les facteurs pathogènes soient réactivés dans la cure elle même. Les processus pathogènes reviennent au premier plan dans le cadre du transfert et c’est en les revivant dans ce cadre que l’analyse progresserait. Mais ce n’est pas tout, pour lui les motions pulsionnelles ne peuvent jamais revenir sous forme de souvenir, elles ne peuvent se manifester que sous forme d’actes, répétées, ça peut être conçu d’un acte psychique et pas seulement d’une remémoration. Ce renoncement radical à penser la cure comme remémoration est solidaire d’une nouvelle conception de l’inconscient. L’analyse du transfert, dit Ferenczi, c’est faire ressentir pour la première fois intensément ces motions de désir chassées par l’enfance qui dans l’inconscient aspirent toujours à leur réalisation. Je souligne ces mots les motions pulsionnelles aspirent à la réalisation. L’inconscient dans cette conception c’est toujours du non réalisé. On est très prés de ce que dit Lacan dans les 4 concepts «  l’inconscient comme non réalisé ». Vous voyez je résume si l’analyse n’est pas la remémoration il faut insister sur l’idée qu’on ne pourra jamais retrouver dans l’inconscient au titre de souvenir, de pensée ou de désir qui aurait été vécu pleinement et oublié par le refoulement. Il faudrait peut être concevoir que s’il n’a jamais été ressenti intensément, et insiste toujours pour se réaliser, il ne peut le faire que dans l’analyse elle-même, dans le transfert.

Si j’insiste là-dessus c’est que l’analyste a une responsabilité beaucoup plus grande que s’il s’agissait simplement de fournir les conditions pour que le sujet retrouve en lui-même ses souvenirs, sa soif de signifiant.

Comment concevoir la responsabilité de l’analyste ? Je suis obligé d’aller vite pour introduire un pas de plus. Il me semble que l’analyste est responsable dans le sens où …..Si l’analyste refusait d’y aller de ses signifiants propres. Si les signifiants de la cure ne sont pas avancés comme extraits d’un savoir déjà là, un savoir que l’analysant n’aurait qu’à se remémorer. Si les signifiants de la cure sont produits par la cure elle-même, on saisit mieux l’importance des signifiants apportés par l’analyste, on saisit mieux comme dit Lacan dans une formule, qui pourrait en surprendre quelques uns, dans l’acte psychanalytique du 7 janvier « ce en quoi, dit Lacan dans cette leçon, le psychanalyste agit si peu que ce soit mais où il agit proprement, dans le cours de la tache, c’est d’être capable de cette immixtion signifiante, qui à proprement parler n’est susceptible d’aucune généralisation qui puisse s’appeler savoir »

Comment comprendre cette affirmation ? Lacan n’a pas beaucoup employé ce terme d’immixtion, il l’emploie à propos du rêve de l’injection faite à Irma o ù il évoque un sujet polycéphale qui aussi bien pourrait se représenter comme un sujet acéphale et qui pour nous peut figurer l’inconscient.

Revenons à l’immixtion des signifiants eh bien comme dans un rêve on peut entendre différentes voix, de même dans l’analyse il y a une polyphonie ou tout du moins contrepoint. Certes l’analyste tente de ne pas trop ajouter sur le texte de l’analysant, de mettre seulement en relief certains points du texte. Mais est ce qu’on pourrait penser par là qu’il reste neutre ?

Prenons même le cas où il se contenterait de répéter les mots que l’analysant a employé en racontant un rêve, au fond est-ce un signifiant de l’analysant ou de l’analyste ? Toute parole n’a pas valeur de signifiant. Le patient peut avoir prononcé tel mot en se fiant simplement à sa signification ordinaire, en quelque sorte usée, c’est l’analyste qui en fait un signifiant en le détachant et c’est alors seulement que l’analysant va lui donner une valeur de signifiant. Donc j’insiste détacher un mot du discours, c’est déjà lui donner une signification particulière. Alors une question vient à se poser est ce que nous sommes toujours sûrs quand nous procédons à ça que ce n’est pas en relation avec ce qui ….pour nous.

Cette immixtion a pu naître car l’analyste joue sur les mots, il joue sur l’équivoque puisque si on suit Lacan l’interprétation se présente souvent sur l’équivoque. Un analysant rêvait que les objets tombaient de la table mais ne se cassaient pas et l’analyste risquait une polysémie «  ça tombait bien ». C’est qui donnait au terme « tomber » la valeur d’un signifiant susceptible d’avoir un effet de sens. Ca veut dire au fond que l’analyste intervient avec des signifiants dont il ne sait jamais tout à fait si ceux sont les siens ou celui de l’analysant ou si la part des signifiants de l’analysant par ce que sa rencontre est signifiante ou encore si l’analysant pour dire son désir inconscient ne peut pas faire autrement, à un moment donner,qu’emprunter les signifiants de son analyste et qu’il est donc légitime à ce moment que l’analyste fasse usage de ce qui pour lui-même à valeur signifiante, puisque l’analysant à ce moment là ne peut qu’emprunter ce chemin.

Peut être y aurait il une autre façon de relier tout ce que je vous dis à la méthode psychanalytique. Il me semble que dans l’histoire de la psychanalyse les analystes se sont trop souvent défendus contre le rôle joué dans la cure par le désir de l’analyste. Ils se sont défendus de la nécessité d’introduire des signifiants dans la cure. Et c’est donc pour cela que certains analystes mettent un cadre supposé préalable à tout ce qui …c’est se défendre du désir de l’analyste de faire en sorte qu’une grande partie du travail soit déjà cadré.

La règle triviale comme quoi toute séance manquée par l’analysant doit être payée. Quelle que soit la valeur de cette règle, Freud en donne des justifications. Je trouve pour ma part plus intéressant de ne pas en faire… en l’énonçant à l’avance… un point purement technique.

Un patient s’absente car ce signifiant absence n’est pas encore entendu par l’analysante, commençait à faire pivot dans les rapports qu’elle entretenait avec son compagnon et sa fille.

Un jour elle appelle pour dire qu’elle ne viendrait pas. La séance d’après …de formuler la façon dont il me semblait qu’il fallait concevoir le sens de ses absences. C’est à partir de cette intervention que l’analysante a pu revenir sur la perception qu’elle avait de son enfance où elle s’absentait pour échapper à des actes graves.

Discussion :

M. Darmon :

Est-ce que l’inconscient était avant d’être interprété ?

L’analyste fait partie du nœud, c’est un parasite ;

Résoudre le paradoxe du signifiant qui était là sans être là, qui apparaît au moment de l’acte ? Les signifiants sont au croisement, ce croisement est essentiel et il n’est localisable qu’au moment où on l’oblige à se manifester à cet endroit ; voila comment je résous ce paradoxe.

La responsabilité de l’analyste, cette conception laisse une grande liberté à l’analyste, mais lui-même fait partie du noeud et ce qu’il fait a des conséquences.

R. Chemama

L’analyste fait partie du concept de l’inconscient

M. Morali :

Je tente une construction

De la reminescence à la remémoration

« Là ou je me souviens, je ne suis pas  » l’esquisse Freud, je suis ce souvenir là.

La régression : Freud dit est-ce qu’il s’agit de retrouver un souvenir ancien (régression temporelle), ou bien sommes nous devant un mécanisme qui reproduit à l’identique et qui touche à la structure, auquel cas ce n’est pas se souvenir de quelque chose d’ancien mais la reconstruction immédiate dans la conscience de cette chose là. La conscience est dirigé par l’inconscient à ceci près que la conscience est une synthèse hétérogène elle draine des matériaux hétérogènes, ça veut dire que le monde que nous construisons, là on est tous dans une salle on voit les perspectives, qui se rejoindront à l’infini c’est fantastique on sait que ce n’est pas vrai mais c’est ça qu’on voit. Si nous étions phobiques on pourrait reconstruire ce mur à l’identique on dirait qu’on ne veut pas rentrer dans cette salle parce que je vais me faire écraser par les murs. Cette perception en bocal, ça n’à rien avoir avec un souvenir quelconque c’est toujours le même mécanisme qui reconstruit le même monde. Cette découpe faite dans le texte de l’autre ce n’est pas fait n’importe comment, si tant est qu’on ne fasse pas une découpe technique, c’est-à-dire qu’on fasse comme l’a dit Freud, qu’on laisse notre propre inconscient opérer cette découpe quand on entend, cette découpe elle viendra bien de quelque part.

R. Chemama :

Est-ce que le souvenir est un souvenir écran ? Est-ce que c’est une régression topique ou une régression temporelle ?

JJ. Tysler :

La filiation de Ferecnzi et de Klein

L’école anglaise a une conception très différente sur le contre-transfert.

C. Melman :

Si l’analyste fait partie de l’inconscient, c’est que dans l’inconscient il y a la notion d’adresse, comme s’il y avait là toujours un sujet qui cherche à se faire connaître, à prendre voix, ce qu’il n’a pas en général, c’est par le biais de l’écriture, c’est-à-dire du lapsus qu’en général il se fait connaître. C’est bien pourquoi l’analyse est née avec l’hystérie, quelqu’un à l’évidence qui témoigne de ce besoin, cet appel à celui qui l’entendra. Et donc rencontrer quelqu’un disposé à cette opération ça nous permet d’entendre pourquoi l’analyste fait partie de l’inconscient.

Est-ce que nous pouvons dire que les signifiants qui circulent entre les deux se font à l’intérieur du transfert, qu’ils n’appartiennent plus ni à l’un ni à l’autre.

La répétition et l’élaboration ça ne marche pas ; A partir du moment où un analysant est amené à exprimer son inconscient par un certain nombre de passages à l’acte dans sa relation à l’analyste, à partir de ce moment là ça parait bien cuit ! Et malgré tous les efforts de l’un et de l’autre, on se trouve dans une situation de blocage qui ouvre un chapitre qui me parait important et que habituellement nous négligeons pour aller directement au chapitre de la pulsion c’est-à-dire dans cette situation où le message venu de l’inconscient se traduit par ce qui immédiatement est une mise en acte. C’est une situation d’une grande actualité au niveau social, que des personnes, c’est vrai le plus souvent …cultivées mais ce n’est pas ce qui est caractéristique, puissent ainsi transformer le message venu d’une religion immédiatement en acte.

Ça ne va jamais de soi puisque nous sommes fondamentalement des créatures inhibées. Et donc à propos de ce que Freud amène de la répétition il y aurait à ouvrir ce chapitre de ce qui serait la disposition topologique très particulière et qui ferait que le message venu de l’Autre viendrait ainsi de façon immédiate et directe se traduire dans une action. Ce qui ouvre un autre chapitre très énigmatique c’est la façon dont chez le bébé un apprentissage qui fait passer de la parole entendue à la motricité, et si ce passage de la parole à la motricité ne se fait pas dans une fenêtre, un créneau de temps limité on aura affaire à un enfant handicapé. Il y a donc là des problèmes qui sont à la fois éminemment d’ordre psychique et également physiologique ouvrant la question si délicate du rapport entre le signifiant et le corps. Comment ça marche entre eux ? Et sûrement pas de la même façon pour chacun. Donc il y a tout un chapitre à propos de la répétition qui ne se trouve pas manifeste dans le texte mais qui mériterait d’être ouvert.

La perlaboration qui est d’ailleurs finalement…d’après Freud il suffit de s’en remettre au temps et que à force de ruminer l’interprétation qu’on lui à faite, l’analysant finira par comprendre etc.. ce n’est pas vérifiable. A priori on peut aisément comprendre pourquoi un analysant est scotché à son message originel s’il fait fonctionner comme un message originel, et que passer à l’étape suivante que pourrait espérer l’analyste et que Lacan espérait illustrer avec le processus de la passe, ce passage-là n’est pas des plus évidents.

La technique est différente de la praxis, la psychanalyse est du côté de la praxis

JP. Hiltenbrandt : le réel du narcissisme

Le narcissisme ici n’est pas entendu comme résistance.

La fonction narcissique peut prendre une forme de réel traumatique

Il y a un réel qui concerne le narcissisme.

Le narcissisme n’est pas seulement imaginaire.

Lacan insiste sur un réel de la dépendance du nourrissage, réel au miroir de la discorde primordiale, de l’incoordination motrice d’inachèvement organique, qui demande le reflet du miroir sans surmonter cette activité jubilatoire, nous lui donnons le sens d’un dynamisme libidinal. C’est donc un réel recouvert par une imaginarisation. Dans la répétition de la manifestation imaginaire, c’est sous la forme d’un réel que cet imaginaire se manifeste à l’identique de la forme initiale primitive comme Freud l’avait décrite dans totem et tabou. Ce nœud primitif, chaque fois on trouve un réel qui est finalement le point de départ de la dynamique subjective et qui va conduire aussi bien le processus de répétition.

Norbert Bon : est-ce qu’on peut distinguer éthique et technique ?

Colette SEPEL « le sérieux de l’amour de transfert »

– au début de la psychanalyse il y a l’amour d’Anna pour Breuer

– faire naître un désir autre, non pas un désir d’être aimé en retour mais un désir de savoir et de sortir de la plainte.

Tysler : la répétition ces flips et ces flops

3 exemples

1 la névrose obsessionnelle chez une femme

2 la question du traumatisme – place de la technique et de la répétition dans le traumatisme

3 le passage de la réplication à la répétition dans la psychose de l’enfant (petite chirurgie du nœud)

Dans le 1er exemple je donnerai une interprétation qui a fait flop

Il y a des aspects de la technique c’est pas une méthode et bien évidemment il y a des variantes de la technique, il y a des variantes de la cure-type. Dans une vie d’analyste, les aspects techniques pour beaucoup nous viennent de notre propre cure et je dirais que ce n’est pas par imitation, ça pourrait être ça mais je ne crois pas, je pense que des aspects de la technique s’apprennent dans une cure analytique. Je ne vois pas comment on pourrait dire autrement. Mais pas que. Beaucoup d’éléments de technique nous viennent aussi bien des grands textes, de la lecture des fondateurs de la psychanalyse. Je vais vous prendre un exemple tout à fait simple. Il va de soit qu’un collègue dans mon service comme dans tous les services d’enfants, les collègues qui ont beaucoup lu Winnicott, les lecteurs de Winnicott, c’est ceux qui vont être le plus capables de travailler le jeu. Evidemment dans tous les services enfants il y a le jeu, le jeu thérapeutique et le dessin d’enfant. Le jeu thérapeutique est considéré par le psychanalyste pour enfants comme l’équivalent symbolique d’une séance. Un winnicotien de transmission est beaucoup plus à l’aise que moi pour travailler avec le dessin. Moi je ne sais pas travailler avec le dessin et le jeu, je ne l’ai pas appris je ne sais pas faire et ma lecture tardive de Winnicott ne me permet plus, y a un point de forclusion sur ces questions, ça ne me permet plus de faire. Sur quoi je travaille même avec des enfants petits, là c’est curieux les textes lacaniens, je travaille sur la poésie, les collègues sont étonnés que j’ai des petits livres de poésie que je propose aux plus petits, 3, 4, 5 ans. Ce qui est étonnant c’est que l’enfant a un appétit féroce tout à fait naturel pour la poésie, je dirai plus pour les effets de sens que pour la signification, l’enfant petit saisit avec amour, jubilation les effets de sens, si on lui demande de préciser ce que la phrase veut dire, il est en panne, le réel de l’effet de sens.

Moi je travaille avec ça entre autres. Vous voyez les textes de Lacan bizarrement ne sont pas directement sur l’enfant mais il m’inspire alors que d’autres collègues portés par d’autres grands textes de fondation, sans parler de Mélanie Klein, vont se porter vers d’autres variantes du travail. Est-ce qu’on va dire que les uns ou les autres ont raison ? C’est idiot ! Dans toute unité d’enfant vous avez une variété, vous pouvez vous y opposer d’une manière intellectuelle mais vous ne serez pas recrutés dans cette unité.

Dans les psychoses, pour Freud souvent les psychoses il considère ça comme hors de sa portée. Avec Lacan, comme Lacan est rentré dans la psychanalyse par la psychose, les problèmes de techniques sont immédiatement différents. C’est fatal. Quand je travaille avec des psychotiques comment je m’inspire. Ca va vous paraître bête et simple et pourtant ça a sa complexité. J’ai été formé, dans mon transfert de travail, je me sens élève de ce que j’ai vécu à St Anne, j’arrive externe chez Czermack et je plonge dans cet univers de la psychose et je découvre les aspects techniques engagés par le service autour de Marcel et sa façon si particulière d’aller au contact, je vais le dire comme ça, du patient psychotique. D’un certain point de vue, et je trouve que Mr Melman a raison , on peut pas prendre un trait et l’incorporer, c’est pas ça on peut pas faire du Czermak propre, d’ailleurs on n’aurait pas le génie de le faire. Mais ce qui m’a passionné immédiatement chez Marcel, qui me parait un élément de technique analytique avec la psychose c’est ce que Marcel a toujours fait dans sa transmission. Même dans un univers de signes en quelque sorte, même avec un patient sous l’emprise du signe, regard persécuté, voix ou commentaires hallucinatoires, il va quand même chercher l’éventuel signifiant que le sujet puisse endosser, d’où l’aspect parfois de rugosité dans le maniement d’éventuels signifiants représentants quelque chose hors du sujet…serait-il pas fantasmatique, endossés par le sujet…serait-il psychotique. Moi je crois que très jeune ça m’ a…, et encore maintenant c’est avec ça que je travaille.

Exemple : un patient que je reçois en cabinet, un patient très difficile avec une schizophrénie paranoïde et toxicomane. Si je ne le connaissais pas je ne me prêterais pas à ce genre de technique spéciale. Sur quoi s’est fait l’alliance très vite, le patient, c’est drôle c’est à nouveau la question de la poésie. Très vite j’ai appris qu’il écrivait des poèmes, ça arrive fréquemment, même les patients les plus déstructurés se prêtent à des travaux de peinture et de poésie, enfin tous les hôpitaux connaissent ça enfin les meilleurs là où il y a encore une activité intellectuelle. Au point qu’il n’est arrivé fréquemment de prêter des petits livres de poésie, dont ils me rendaient compte sur un mode qui n’était pas du tout schizophasique dans la séance . Donc qu’est ce qui se partage là ? Pour moi ça fait partie de la technique. Comment toujours aller chercher quelques signifiants qui font pacte qui puissent être endossé par le sujet en souffrance.

[JJT décrit le cas du premier exemple] J’ouvre les guillemets : «  j’ai mes angoisses comme toujours, j’ai peur d’avoir peur je sais que ça va venir, mes craintes c’est pas tellement la peur du blasphème, mais j’ai peur d’avoir peur du blasphème, car du coup j’y pense, si j’ai peur de cette crainte alors ça vient »

Vous reconnaissez, les formules de l’implication de la névrose obsessionnelle, les formules si particulières et qui restent, c’est une jeune fille que je connais depuis 8 ans, absolument gelée sur cette forme de dialectique là. « Mes craintes ont toujours la même forme, avant c’était un blasphème de penser quelque choses sur les gens maintenant c’est pire c’est la religion » et du coup elle se prive d’aller à l’église alors qu’elle est croyante, elle se prive d’objet aimés et elle se prive de nourriture.

Ce tableau clinique est immuable depuis plusieurs années.

Ce qui manque c’est ça que Freud cherche avec l’homme aux rats, on a le troisième point uniquement si je puis dire du trépied freudien qui sont : la religiosité, il manque les deux premiers points capitaux : la question de la sexualité (et là pour l’homme aux rats pour Freud c’est la question de l’homosexualité), et toujours capital pour Freud la haine dissimulée par rapport au père.

Eh bien ces deux motifs pendant plusieurs années n’apparaissent pas au moins pour une raison technique toute bête, c’est qu’elle n’apporte jamais de rêve, jamais.

Donc les années passent et un jour il me vient cette interprétation qui a fait flop, c’est l’interprétation qui nous vient au bout d’un temps, on se fait plus freudien que Freud sans trop savoir vraiment s’il s’agit d’interprétation ou de construction dit Freud. Et donc je vous livre la phrase que je lui ai dite «  ne pensez-vous pas que la peur du blasphème vient de votre position faite d’une grande droiture et d’une vie très sage ? » Elle a reçue ça 5/5 et elle arrive dans un état catastrophique, cliniquement catastrophique. Alors je ne méconnais pas que Freud dit que si ça s’aggrave c’est bien. Je laisse cette pirouette de côté, car avec Freud quand ça va bien c’est bien et quand ça ne va pas c’est encore bien… Au point qu’elle exige de moi un traitement médicamenteux, elle décrit un état d’angoisse paroxystique. C’est pas pour faire une séance de supervision. c’est juste pour partager avec vous une difficulté technique. Freud c’était des cures de quelques mois, nous c’est des cures longues et il est vrai qu’au bout d’un temps, c’est les réflexes freudiens qui reviennent, une sorte de lassitude contre-transferentielle, une phrase qui a l’évidence ne fait pas interprétation lacanienne, une sorte de construction qui appelle de force à la sexualité refoulée. Et qui s’est payé d’un flop immédiat. Comment faites-vous quand souvent vous êtes au travail de la répétition qui fait infini, comment faites-vous pour rester sur une ligne qui ne saisirait que l’…? et les équivoques, ben comment on fait ? Et ne vous vient-il pas assez régulièrement une forme d’intervention qui déroge aux règles standart ? C’est ma question sans vouloir vous faire un contrôle voilé.

Je referme ce point.

Alors deuxième point sur le traumatisme. Alors je vais vous lire un passage sur le passage de la névrose à la névrose de transfert. «  par exemple il ne se remémore pas avoir été frondeur avec son père mais il l’est devant l’analyste… »

Alors j’en viens à mon second point. On est extrêmement sollicité sur la question du traumatisme en ce moment. Et donc je reçois, non nous recevons, pour des raisons de traduction, je ne pouvais être seul, c’est donc un transfert institutionnel, un transfert à l’institution. Ce n’est pas toujours isolément qu’on peut travailler les choses difficiles.

Donc on reçoit une jeune femme qui nous vient disons d’une région caucasienne, avec sa famille, d’une région dans lesquels les militaires ont mené une guerre implacable. Et donc il y a eu dans cette famille toute une série de barbarie, des disparus. Elle nous arrive dans l’unité. Alors comment faire pour recevoir, alors premier temps de la répétition, là plus du côté de la remémoration, comment vous faites ? D’habitude va se raconter à nouveau les évènements qui ont valu le fait que la famille soit partie du pays, réfugiée, demandé l’asile et donc la remémoration la répétition narrative, je ne vois pas comment ça pourrait se passer autrement. Donc répétition des évènements traumatiques vécus par les uns et les autres et cette petite jeune femme aussi. Les semaines passent, c’est là où le texte de Freud est intéressant, les semaines passent et tout d’un coup en séance elle se met à avoir des malaises, et des douleurs digestives. C’est une monstration. On est donc obligé de l’emmener au médecin, dans le service de santé elle est examinée, la semaine suivante à nouveau malaise : répétition. C’était pour dire quoi, vous l’avez deviné sûrement, c’est qu’elle racontait pour la premières fois les abus dont elle avait été victime par les troupes dont j’ai parlé précédemment.

La règle de la répétition, quelque chose est agi dans la séance qui va nécessité d’être reçu, puis essayer avec délicatesse de lui dire « qu’est-ce que vous voulez dire ? ». On s’aperçoit et c’est là que je voulais attirer votre attention sur la difficulté, on s’aperçoit pour la première fois grâce à une tante de la famille, que cette jeune fille n’a jamais parlé aux siens de ce qui c’était produit. Pourquoi ? Parce que dans beaucoup de pays il y a un pacte d’honneur et la loi du père fait que si elle dit ce qui c’est passé il n’y a pas d’autres possibilité que sa mort. Le clan la tue. Et d’ailleurs la tante aussi qui était informée semble en avoir peur. On commence un peu à s’angoisser dans l’unité, c’est des matériaux un peu particuliers. Alors pourquoi ça m’intéresse, je vous donne des pistes de travail. Pourquoi Lacan dit un jour le NdP oui mais c’est mieux de dire les NdP, les appuis différentiels possibles de la question du père et pour finir ce qui reste encore intriguant pour nous les 3 lettres RSI.

On a essayé de travailler avec cette jeune femme, on a repris les signifiants, toute la chaîne signifiante, la question d’abord du secret, pour elle le secret c’est une atteinte à la filiation. Alors on lui a raconté, travail de construction que chez nous dans notre service comme dans d’autres pays il y avait le secret médical. La déontologie c’est qu’en principe un enfant qui vient se confier à un praticien, seule le praticien est tenu au secret, ce ne peut pas être la porte ouverte.

2eme signifiant qui a posé beaucoup de difficulté c’est le travail  sur l’honneur ; est-ce que l’honneur c’est juste une filiation génétique, ce qui est édicté par les lois de la famille, ou bien la question de l’honneur peut se traduire par des appuis singuliers. Et ça même été pour elle le signifiant de la République, vous allez me trouver idéaliste comme à chaque fois. La façon dont la République honorait un écart avec la transmission clanique et religieuse. Créer des écarts que les grands signifiants de la République protégeaient.

Alors pour moi : répétition –remémoration-NdP

Je trouve que Lacan nous aide avec ces décalage sémantique : Œdipe –Ndp-RSI qui est un travail d’immixtion signifiante. Au bout d’un moment c’est nous qui choisissions : on va discuter de l’honneur. Il fallait traduire. Pour moi c’était un honneur que d’accueillir cette enfant, mais c’est un travail particulier.

3ème remarque :

C’est l’exemple clinique très simple : je reçois quand je suis arrivé au CMPPP, il y a 12 ans, je reçois une fillette qui m‘apporte un dessin. Je la reçois elle me fait un très joli dessin : 4 fleurs 2 nuages bleus, 1 soleil jaune. Je la félicite

2nde séance : 4 fleurs, 2 nuages bleus, 1 soleil jaune

3ème séance : même dessin.

On ne va pas appeler ça répétition il a raison czermack, c’est un phénomène réplicatif si grave pour la psychose et la psychose de l’enfant. C’est un phénomène de réplication. Comment vous faites ?

Arrive le 1er avril, j’arrive un peu guilleret et je vois cette petite, et je lui dis, immixtion de ma présence « c’est le 1er avril tu vas me faire un poisson ». La petite furieuse « je sais pas faire le poisson ». Je lui dis qu’à cela ne tienne je vais te le dessiner. Je fais mon Winnicott, et miracle, un micro évènement, ce jour elle réplique, elle dessine derrière un petit poisson.

Semaine suivant, je lui dis « on va continuer » et elle me dit « on n’est pas le premier avril »

Je sais pas si j’ai eu un rire je peux vous garantir, Golberg raconte comment se construit dans l’univers de la psychose de l’enfant un pacte moebien dans des structures qui apparemment ne le permettent pas.

Qu’est-ce qui se passe le jour où quelque chose fait part de notre transfert qui à l’évidence va faire un trou particulier qui accompagnera ces enfants et conduit souvent à des formes, là elle a grandi , une voie d’amélioration. Ca c’est un problème topologique.

Il y a cette indication qui est donné par les topologues. En 1913 2 mathématiciens découvrent le rôle fondamental joué en théorie des noeuds par deux petites opérations très simples. 2 façons de modifier les nœuds par incisions des brins. La 1ère que nous appellerons le flip consiste à transformer ….. Le flip peut changer le type de nœud. Par exemple avec un flip à partir d’un nœud de trèfle on obtient un nœud trivial.

Il y a des opérations de technicités induites par le nœud borroméen qui rend compte d’opérations transférentielles cliniques qui à l’évidence ont des formes d’efficace dans les cliniques comme celle que je vous ai cité, la psychose de l’enfant.

…Chantal Lheureux travaille avec des autistes de 10 ans comment elle travaillait sur l’espace avec cet enfant qui avait d’abord le regard bloqué à 10 cm puis au fur et à mesure plus. Et elle a fait ce travail uniquement par un travail strictement d’imitation dans le transfert et de répétition. …

Il y a donc beaucoup d’occurrences où la question de la technique du transfert est à l’intérieur, c’est pas seulement que le clinicien est dans le tableau clinique … qu’il a des sources de technicité de modification de cette nodalité dont parle Lacan à partir des récits.

Discussion

M. Morali :

L’hypnose ça ne marche pas quand on raconte au sujet car ça ne s’inscrit pas, ça ne fait pas trace parce que l’appareil psychique a été exclu de l’événement qu’ils sont en train de produire. Donc la question qui se pose pour Freud. Quand on est conscient que se produit cet élargissement de l’appareil psychique, on rencontre un bord. A partir du moment où l’opération inclut l’appareil psychique névrotique on peut avoir une chance que quelque chose s’inscrive. Cette opération sur le nœud laisse une trace.

Dans le cas que tu nous amènes « on n’est pas le 1er avril » je l’entendrais comme maintenant il y a un 1er avril. Et on pourrait même imaginer que du coup on puisse attendre le prochain. C’est-à-dire le numéro 2. Mais est-ce qu’au numéro deux de la série elle va être dans un grand éclat de rire, te faire un rossignol plutôt qu’un poisson. Voilà une question. On est au plus près paradoxalement de la 1ère question qu’est-ce qui que quelque chose s’inscrit dans l’appareil psychique et laisse une trace qui fabrique un trait, un trait nouveau qui déplace ce 1er trait. Est-ce que ça ça va fabriquer un nouveau sujet ? Ou bien est-ce que ça va être un évènement local qui aura lieu une fois dont il ne subsiste dans le substrat de l’appareil psychique aucune trace?

Annie :

Séminaire sur l’identification 1971

« sur le chemin de l’identification du sujet au trait unaire qui est contemporain de la constitution même du sujet, se trouve le trauma et le nom propre »

A propos du trauma il en fait un trait unaire et il dit « devant la répétition ce n’est pas tant le contenu du trauma qui compte mais la retrouvaille impossible du numéro 1où s’est passé le trauma, qui est un numéro qui est perdu  »